La France réagit, peu après la diffusion d'une vidéo où l'on voit deux Français présenter des "aveux" d'espionnage. Pour le ministère des Affaires étrangères, qui qualifie ces deux Français pour la première fois d'"otages d'Etat", cette vidéo est "une mise en scène indigne, révoltante, inacceptable". "Cette mascarade révèle le mépris de la dignité humaine qui caractérise les autorités iraniennes", ajoute le ministère français dans une déclaration, réclamant la "libération immédiate" de Cécile Kohler et Jacques Paris.
Les deux Français sont membres d'un syndicat d'enseignants
Ces deux Français, identifiés comme des membres d'un syndicat d'enseignants, "sont détenus arbitrairement en Iran depuis mai 2022, et constituent à ce titre des otages d'État", poursuit le Quai d'Orsay. Leurs "prétendus aveux extorqués sous la contrainte n'ont aucun fondement, pas davantage que n'en avaient les motifs invoqués pour leur arrestation arbitraire", ajoute le ministère. "Nous tenons les autorités iraniennes pour responsables de leur sort et de leur traitement, comme de tous les ressortissants français détenus arbitrairement en Iran en ce moment".
L'Iran a diffusé jeudi une vidéo présentée comme des "aveux" d'espionnage des deux Français, sur le site d'al-Alam, la chaîne arabophone de la télévision officielle. Cécile Kohler et Jacques Paris avaient été arrêtés à un moment où le pays était le théâtre de manifestations d'enseignants qui réclamaient des réformes pour une revalorisation de leurs salaires et appelaient à la libération de collègues arrêtés lors de précédentes mobilisations.
Une diffusion sur fond de manifestations
La diffusion de cette vidéo survient par ailleurs sur fond d'autres manifestations, déclenchées le 16 septembre par la mort d'une jeune femme, Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs. Selon des ONG, plus d'une centaine de manifestants ont été tués dans la répression de cette contestation. "De telles manipulations et pratiques dignes des procès spectacles des pires régimes dictatoriaux ne détourneront pas l'attention internationale des aspirations légitimes du peuple iranien", assure le Quai d'Orsay.
Plus d'une vingtaine de ressortissants de pays occidentaux, binationaux pour la plupart, sont détenus ou bloqués en Iran, ce que des ONG condamnent comme une politique de prise d'otages pour obtenir des concessions de pays étrangers. Parmi eux, figurent la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, ce que ses proches ont toujours farouchement nié.
Le Français Benjamin Brière a été de son côté arrêté en mai 2020 et condamné à huit ans et huit mois d'emprisonnement pour espionnage, ce qu'il conteste.