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Xavier Yvon, édité par Romain David , modifié à
L'envahissement du Capitole par des militants pro-Trump, mercredi soir, jette une ombre sur les derniers jours du milliardaire à la Maison-Blanche. Alors qu'il refuse toujours de reconnaître sa défaite à l'élection du 3 novembre dernier, Donald Trump risque fort de voir ses ultimes soutiens politiques partir en courant après les débordements de la nuit.
DÉCRYPTAGE

Une nuit qui a fait vaciller la démocratie américaine. Mercredi soir, en marge d'une manifestation de soutien à Donald Trump, des partisans du milliardaire républicain ont envahi le Capitole à Washington, alors que le congrès était en train de ratifier la victoire de Joe Biden, habituellement une simple formalité dans le processus américain de transition présidentielle. Face à cette intrusion, des policiers ont dégainé leurs armes et utilisé du gaz lacrymogène. Un premier bilan fait état d'au moins un mort en lien avec ces débordements. Sur les réseaux sociaux, le président sortant, qui avait d'abord soutenu ce rassemblement, a fini par demander à ses soutiens de "rentrer chez eux"... tout en maintenant ses allégations de fraudes lors du scrutin présidentiel du 3 novembre dernier. Ce qui lui a valu de voir ses comptes Twitter et Facebook suspendus.

À treize jours de la fin de son mandat, les événements de la nuit pourraient avoir de lourdes répercussions sur la suite de sa carrière politique.

Pendant tout son mandat, Donald Trump a refusé de condamner les violences de ses militants et leurs théories complotistes. On se souvient de Charlottesville en 2017, où un rassemblement de néonazis et de suprémacistes blancs avait fait un mort. Donald Trump, à l'époque, assurait que, parmi ces manifestants, il y avait "des gens bien". Pendant quatre ans, il a renvoyé dos à dos les militants d'extrême-droite et les antiracistes. Ces dernières années, les groupes de l'extrême-droite américaine ont eu pignon sur rue, tenant même des séminaires en plein Washington, juste à côté de la Maison-Blanche. Et même si selon les médias américains, Donald Trump ne s'attendait pas à ce qu'ils aillent aussi loin mercredi soir, ses partisans se sont sentis autorisés et encouragés. 

Fortes inquiétudes pour l'investiture de Joe Biden

Après quatre années de rhétorique incendiaire, les treize jours que Donald Trump doit encore passer à la Maison-Blanche pourraient s'avérer bien plus mouvementés que de coutume, alors que la transition de deux mois d'un président à un autre est habituellement une période assez calme aux Etats-Unis. Que réserve encore Donald Trump ? Ses partisans vont-ils s'arrêter là ou continuer? Les événements de la nuit ajoutent aux inquiétudes pour la cérémonie d'investiture de Joe Biden, le 20 janvier, et qui doit se tenir sur ces mêmes marches du Capitole occupées dans la nuit par les pro-Trump et leurs drapeaux.

L'hypothèse d'une destitution express

"La responsabilité de Donald Trump face aux évènements de la nuit n'est pas engagée du point de vue juridique, car il a le droit constitutionnel d'exprimer son opinion", précise auprès d'Europe 1 l'avocat et constitutionnaliste américain Alan Dershowitz, qui a déjà travaillé pour Donald Trump. Mais selon certains médias outre-Atlantique, des membres du cabinet Trump ont évoqué entre eux une utilisation du 25e amendement, qui leur permet de démettre un président qui serait jugé inapte. Des voix s'élèvent dans les médias et la classe politique pour déclencher cette procédure, et ainsi éviter que Donald Trump n'utilise ses derniers jours pour faire encore plus de dégâts.

"Le 25e amendement est totalement inapplicable. Il a été élaboré dans le cas d'un président physiquement inconscient ou déclaré cliniquement fou. il serait inconstitutionnel de tenter de l'appliquer à la situation du président Trump. Cela ne passera jamais", estime Alan Dershowitz. S'il est donc peu probable que ces discussions aboutissent à un passage à l'acte, il n'en reste pas moins qu'elles étaient inimaginables il y a encore quelques heures.

Une élue démocrate a également annoncé commencer à rédiger un acte d'impeachment, un geste essentiellement symbolique, car le délai d'ici le 20 janvier ne permettra pas de lancer une telle procédure. Donald Trump a déjà échappé à une destitution en février 2020, cette fois dans le cadre des soupçons de collusion entre le pouvoir russe et des membres de son équipe de campagne en 2016.

Vers une avalanche de démissions

En tout cas, dans l'entourage de Donald Trump, il semble qu'une ligne rouge a été franchie. On attend dans les heures qui viennent de nombreuses démissions à la Maison-Blanche, comme celle du conseiller à la sécurité nationale. La cheffe de cabinet de Melania Trump, présentée comme une fidèle parmi les fidèles, a déjà jeté l'éponge. Donald Trump va donc se retrouver isolé, de plus en plus seul, retranché à la Maison-Blanche pour finir son mandat aussi ahurissant qu'historique.