Vladimir Poutine et Kim Jong Un se sont retrouvés mercredi au cosmodrome russe de Vostotchny, dans l'Est de la Russie, le président russe parlant d'aider la Corée du Nord à construire des satellites. "Nous discuterons de tous les sujets sans nous presser. Nous avons le temps", a dit Vladimir Poutine selon des agences de presse russes. Ce sommet exceptionnel pourrait déboucher, selon Washington, sur un accord de vente d'armes pour soutenir l'offensive russe en Ukraine. Selon des agences russes, les deux dirigeants s'entretiendront au sujet des "relations commerciales" et des "affaires internationales" sur la base de lancement d'engins spatiaux.
Chaque pays doit respecter les sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord, insiste le chef de l'ONU
Toute coopération avec la Corée du Nord "doit respecter les sanctions" de l'ONU, a insisté mercredi le secrétaire général des Nations unies, interrogé sur l'éventualité d'un accord militaire entre Moscou et Pyongyang.
"Toute forme de coopération de n'importe quel pays avec la Corée du Nord doit respecter le régime de sanctions imposé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Et c'est évidemment pertinent dans le cas dont vous avez parlé", a déclaré Antonio Guterres, répondant à une question sur la rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong Un et l'éventualité, évoquée par Washington, d'un accord pour des livraisons de matériel militaire à la Russie afin de soutenir l'offensive en Ukraine.
En amont de la rencontre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait indiqué que les deux hommes devaient parler de "sujets sensibles" sans prêter attention "aux mises en garde" américaines. Washington craint que la Russie ne s'approvisionne en armes pour ses opérations militaires en Ukraine auprès de la Corée du Nord, elle-même sous sanctions à cause de ses programmes nucléaire et de mise au point de missiles. "En bâtissant nos relations avec nos voisins, y compris la Corée du Nord, l'important pour nous est l'intérêt de nos pays et pas les mises en garde de Washington", a lancé Dimitri Peskov.
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Première visite depuis 2019
Parti dimanche soir de Pyongyang à bord d'un train blindé, Kim Jong Un a serré la main de Vladimir Poutine, peu après leur arrivée mercredi en début d'après-midi au cosmodrome, selon une vidéo publiée par le Kremlin. C'est la première rencontre des deux dirigeants depuis un précédent voyage de Kim Jong Un à Vladivostok en 2019. Entouré par de hauts responsables militaires, suggérant l'orientation de son déplacement, le dirigeant nord-coréen effectue son premier voyage à l'étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Pendant que Kim Jong Un se trouve en Russie, la Corée du Nord a tiré mercredi "un missile balistique non identifié en direction de la mer de l'Est", a déclaré l'état-major interarmées de Séoul, en employant le nom coréen de la mer du Japon. Tokyo a évoqué le lancement de deux missiles balistiques. Kim Jong Un a déclaré que sa visite était une "claire manifestation" que la Corée du Nord donnait la "priorité à l'importance stratégique" de ses liens avec la Russie, selon l'agence d'Etat nord-coréen KCNA.
La Russie aidera la Corée du Nord à construire des satellites
Le choix du cosmodrome pour tenir cette réunion est symbolique. Mercredi, le président Vladimir Poutine a évoqué la possibilité que la Russie aide la Corée du Nord à construire des satellites, après que Pyongyang a récemment échoué à deux reprises à mettre en orbite un satellite militaire espion."C'est pourquoi nous sommes venus ici. Le dirigeant de la Corée du Nord montre un grand intérêt pour la technologie des fusées. Ils essaient de développer leur programme spatial", a dit M. Poutine selon des agences de presse russes.
An Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord, avait déclaré avant la rencontre que "le port spatial semble être l'emplacement optimal parce qu'il répond à des intérêts mutuels, comme la fourniture de la technologie satellitaire demandée par la Corée du Nord". La Russie s'intéresse au stock d'obus d'artillerie de la Corée du Nord, probablement utilisé en Ukraine, tandis que Pyongyang cherche à obtenir de l'aide pour moderniser ses équipements de l'ère soviétique, en particulier pour son armée de l'air et sa marine, a-t-il ajouté.
"Si les lance-roquettes multiples et autres obus d'artillerie de la Corée du Nord sont fournis à la Russie en grandes quantités, cela pourrait avoir un impact significatif sur la guerre en Ukraine", a-t-il ajouté. La semaine dernière, la Maison Blanche a averti que la Corée du Nord "paierait le prix" si elle fournissait à la Russie des armes pour le conflit en Ukraine.