Il est de retour en France, après un voyage en Centrafrique qui a failli virer au drame. François de Labarre couvrait les zones rebelles du pays d'Afrique centrale, enquêtant sur les exactions du groupe Wagner, organisation paramilitaire qui œuvre pour les intérêts de la Russie et qui prendrait de plus en plus de place en Centrafrique. François de Labarre - et son acolyte Véronique de Viguerie, photographe - connaissaient les risques encourus mais n'ont passé que deux jours sur place pour un reportage dédié à Paris Match. Mais leur mission s'éternisera lorsqu'ils feront la rencontre du général Mahamat Saleh dans la zone contrôlée par le responsable des groupes rebelles.
"Tout s'est plutôt bien passé, dans la mesure du possible, pendant ces deux journées d'enquête jusqu'au soir, la veille de notre départ, où le général Saleh est venu nous voir. Il nous a traité de traître, il nous a insulté, il nous a menacés. Il s'était mis en tête que si des journalistes français venaient le voir, c'est parce que la France allait soutenir des rebelles de Centrafrique", raconte François de Labarre au micro d'Europe 1.
"L'idée de nous revendre lui a traversé l'esprit"
Tout change lorsque le général Mahamat Saleh se rend compte de leurs véritables intentions. "Quand il a compris qu'on était là pour faire un reportage et qu'on n'était pas là pour soutenir sa guérilla - du moins, c'est l'interprétation qu'on en a fait - il l'a très mal pris et il s'est demandé comment allait-il pouvoir utiliser ces deux journalistes." C'est le début de cinq jours de séquestration. "On ne pouvait pas appeler le journal, on ne pouvait donner aucun signe de personne", raconte le journaliste, père de famille.
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Pour survivre, François de Labarre et Véronique de Viguerie décident de lâcher prise. "C'est une espèce de bouleversement psychologique. Vous devenez aliénés à la bonne volonté d'une seule personne", raconte avec douleur le journaliste de Paris Match. "Vous êtes comme un chien avec son maître. Il y a une capacité d'éradiquer la personnalité qui est faramineuse parce que vous êtes à la main d'une personne qui fait ce qu'elle veut de vous. Et ça, c'était c'était une expérience qui était extrêmement difficile."
Le général Saleh songe à les vendre afin de gagner de l'argent mais se heurte à leurs protestations. Avec Véronique de Viguerie, il tente de contrôler la situation. "On essayait d'anticiper les réactions du général qui est un pervers narcissique et qui essayait de nous manipuler." Et pour tenir, ils pensent à leur confrère Olivier Dubois, détenu au Mali. Le journaliste spécialiste du Sahel avait été enlevé à Gao, détenu par le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM). "On a pensé à celui qui est otage, Olivier Dubois, qui a été enlevé il y a 22 mois. On a pensé à lui parce qu'il est seul et ça fait 22 mois qu'il est seul." Finalement, grâce au soutien de ceux qui les ont "bien accueillis", ils sont relâchés par le général Mahamat Saleh.