Le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a affirmé être samedi matin dans le quartier général de l'armée russe dans la ville de Rostov, centre-clé pour l'assaut russe contre l'Ukraine, et avoir pris le contrôle de sites militaires, dont un aérodrome. Il avait affirmé être "prêt à mourir" avec ses 25.000 hommes pour "libérer le peuple russe".
Peu après, Vladimir Poutine a pris la parole pour dénoncer la "trahison" et "un coup de poignard dans le dos" de la Russie. Le président russe a aussi juré de punir les "traîtres" du groupe paramilitaire Wagner, après les menaces de son chef de renverser le commandement militaire de Moscou.
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Fondateur du groupe paramilitaire Wagner
Evguéni Prigojine, un homme d'affaires proche du Kremlin a reconnu en septembre dernier avoir fondé en 2014 le groupe paramilitaire Wagner. Une organisation qui entend défendre les intérêts russes à l'étranger mais dont les méthodes d'intervention sur le terrain suscitent de vives critiques.
À 62 ans, Evguéni Prigojine fait partie des personnalités russes sanctionnées par l’Union européenne. Il est en outre recherché par le FBI américain qui promet 250.000 dollars à toute personne qui aiderait à son arrestation et apparaît comme l’une des figures les plus troubles du système poutinien.
"Le cuisinier de Poutine"
Celui que l'on surnomme le "cuisinier de Poutine" - car sa société de restauration approvisionnait le Kremlin - est sorti du bois, quelques jours après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux où on le voit recruter des prisonniers russes à destination des rangs de Wagner en Ukraine.
Habitué à la discrétion, il n’apparaît que très rarement dans les médias d'où les interrogations soulevées par ces deux sorties à quelques jours d'intervalle en septembre dernier. Était-ce un signe ? Certains y voyaient des fractures au sein même de l'appareil d'État russe et plusieurs observateurs analysaient cette sortie de l’ombre comme la volonté de Prigojine de se positionner comme un potentiel successeur de Vladimir Poutine. Voire même comme un rival dans la conduite de cette guerre, ce qui signifierait que le maître du Kremlin serait bousculé par son aile radicale.
Prigojine dans une lutte de pouvoir avec la hiérarchie militaire russe
Depuis des mois, Prigojine est dans une lutte de pouvoir avec la hiérarchie militaire russe, la blâmant pour la mort de ses troupes dans l'est de l'Ukraine. À plusieurs reprises, il a accusé de hauts gradés militaires de ne pas équiper de manière adéquate son armée privée, de retarder l'avancée de ses troupes avec des questions de bureaucratie, tout en s'attribuant toutes les victoires remportées par les hommes de Wagner.
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Vendredi, Prigojine a laissé exploser sa colère, affirmant que les dirigeants militaires de Moscou avaient ordonné des frappes sur ses camps et tué un grand nombre de paramilitaires de Wagner. Il a déclaré que des hauts gradés de l'armée russe devaient être arrêtés, jurant "d'aller jusqu'au bout". Il a affirmé plus tard que ses forces avaient abattu un hélicoptère militaire russe.
Quelques heures plus tard, le chef de Wagner a a affirmé que des sites militaires dans le sud de la Russie, à Rostov étaient "sous contrôle" de ses hommes. Rostov est le siège du quartier général du commandement sud de l'armée russe d'où sont coordonnées les opérations militaires en Ukraine.