Les États-Unis ont décidé mardi de "geler" plus de la moitié de leurs versements prévus à l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. L'agence de l'ONU est confrontée à sa "plus grave crise financière" en presque 70 ans d'histoire, a déclaré son porte-parole mercredi.
Une "première tranche" de 60 millions. Sur les 125 millions de dollars (soit environ 102 millions d'euros) de contribution volontaire américaine escomptée par cette agence, l'UNRWA, pour 2018, Washington a confirmé l'octroi d'une "première tranche" de 60 millions (49 millions d'euros) pour payer notamment les salaires dans les écoles et le système de santé en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a annoncé le département d'État américain. "Sans cet argent", "les opérations de l'UNRWA étaient menacées", a justifié un responsable.
"Revoir en profondeur la manière dont l'UNRWA fonctionne". Mais les 65 millions (53 millions d'euros) restants "vont être retenus" jusqu'à nouvel ordre. "Ils sont gelés à ce stade, ils n'ont pas été annulés", a assuré la porte-parole du département d'État, Heather Nauert. La diplomatie américaine, qui ne cesse de critiquer l'ONU depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump il y a un an, réclame de "revoir en profondeur la manière dont l'UNRWA fonctionne et son financement".
Elle demande à d'autres pays de contribuer davantage, car les États-Unis ne veulent plus fournir à eux seuls 30% des fonds de cette agence. Pour débloquer la seconde tranche, il faudra donc que "des réformes soient engagées" afin "de faire en sorte que l'argent soit mieux dépensé", a prévenu Heather Nauert.
"Des conséquences dévastatrices pour les réfugiés". Priver l'UNRWA de ce montant "aura des conséquences dévastatrices pour les réfugiés palestiniens vulnérables au Moyen-Orient", a prévenu Jan Egeland, secrétaire général de l'organisation Norwegian Refugee Council. Le chef de l'agence onusienne affectée, Pierre Krahenbuhl, a exprimé son inquiétude et appelé les autres membres de l'ONU à contribuer, soulignant que le montant était très inférieur aux 350 millions (285 millions d'euros) octroyés par les États-Unis en 2017.
Nouvel épisode dans le bras de fer Trump-ONU. Cette décision s'inscrit dans un bras de fer entre l'administration Trump et l'ONU, accusée par Washington de dépenser trop et mal, sur fond de retrait des Américains de la scène multilatérale au nom du slogan "l'Amérique d'abord" qui a mené le milliardaire républicain à la Maison-Blanche. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait fait part mardi, avant l'annonce de la décision américaine concernant l'UNRWA, de sa "grande inquiétude", estimant que la fin des financements américains provoquerait "un problème très très important".
Des tensions avec la Palestine. L'annonce américaine arrive aussi au moment où les Palestiniens se sentent lâchés par les États-Unis. Après avoir reconnu en décembre Jérusalem comme capitale d'Israël, provoquant la réprobation de la communauté internationale et la colère des Palestiniens, Donald Trump avait menacé début janvier de couper l'aide financière américaine à ces derniers s'ils refusaient de discuter avec Washington d'une solution pacifique au conflit.