Trois personnes ont été tuées mercredi à Harare dans des affrontements qui ont opposé les forces de l'ordre à des partisans de l'opposition, qui accusent la commission électorale de fraudes après l'annonce de la victoire aux législatives du parti au pouvoir au Zimbabwe depuis 1980, la Zanu-PF.
Ces élections sont les premières depuis la chute en novembre de Robert Mugabe, écarté après près de quatre décennies au pouvoir par un coup de force de l'armée et de son parti. Les Etats-Unis, qui se sont dits dans un tweet "profondément inquiets", ont appelé dans la soirée l'armée "à faire preuve de retenue quand elle disperse les manifestants".
Des barricades érigées dans la ville. La police a confirmé "la mort regrettable de trois personnes pendant les émeutes et la mêlée qui s'est produite dans le centre de Harare", lors d'une déclaration à la télévision nationale. Au moins un manifestant a été tué par les tirs à balle réelle des militaires. Un homme touché à l'estomac a ainsi succombé à ses blessures.
Auparavant, la police avait fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour tenter de disperser la foule massée devant des bureaux temporaires de la commission électorale, qui a riposté à coups de pierre. Des barricades ont été érigées dans la ville avec des blocs de béton et des pierres.
Le président tient l'opposition pour "responsable". Des policiers anti-émeutes bloquaient l'accès au siège du principal parti de l'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), tandis que des véhicules militaires patrouillaient en ville. "Aujourd'hui, nous avons vu le déploiement de chars et des tirs à balle réelle sans raison apparente", a dénoncé le porte-parole du MDC, Nkululeko Sibanda, qui a condamné "la brutalité dont nous avons été victimes aujourd'hui sans aucune raison".
Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé en novembre à Robert Mugabe, a pour sa part déclaré vendredi qu'il tenait l'opposition pour "responsable" de toute perte humaine lors de manifestations post-électorales.