Dossier V13 offre une passionnante et poignante plongée dans les mois de procès des attentats du 13-Novembre. Un procès hors norme, on l’a souvent dit, qu'Azzeddine Ahmed-Chaouch a suivi pour l’émission Quotidien de Yann Barthès. Valentin Pasquier, quant à lui, est journaliste dessinateur de presse pour plusieurs médias. Ils n'avaient pas décidé avant l’ouverture de procès d’en faire un livre. C’est face au moment historique qu’ils ont eu conscience de vivre, qu’ils ont réalisé qu’il fallait qu’il reste une trace plus conséquente.
"Une simple description n'aurait jamais remplacé une visualisation"
Ils ont alors créé ensemble ce livre qui se distingue par sa forme. Déjà c’est un grand format, de la taille du page A4. Et puis, c’est un récit graphique : textes et photos se côtoient. Avec une particularité : les dessins ne sont pas là uniquement pour illustrer le texte, ils apportent eux-aussi de l’information, en plus du récit. Azzeddine Ahmed-Chaouch a expliqué au micro d'Europe 1 cette envie de donner une grande place au dessin.
"Évidemment, quand on raconte quelque chose qu'on a vu, on aimerait que les gens soient à la place de nos yeux. C'est toujours quand même le défi. On voulait aussi changer le format habituel qu'on connaît, celui des procédés parfois un peu austères des chroniques judiciaires. Par exemple, lorsqu'on parle de François Hollande qui vient à la barre, ça revêt un caractère historique au sens le plus primaire. Ça nous paraissait plus qu'important de le voir, de l'imaginer. Ce moment de théâtre, parce que là, c'est un moment de théâtre, de justice, on voulait le voir avec un peu plus que quelques mots. C'est vrai qu'une simple description, aussi précise ou lyrique soit-elle, n'aurait jamais remplacé une visualisation", explique-t-il sur Europe 1.
Forcément, parmi ces neuf mois de procès, il a fallu faire des choix. Il était impossible de tout raconter. Mais le livre s’attache à retranscrire une grande diversité de moments avec des témoignages de parties civiles, de policiers, de François Hollande aussi, et des prises de parole des accusés, d’avocats.
"Il me fallait un peu de force pour écrire les témoignages des victimes"
Ces neuf mois ont parfois été compliqués à vivre pour les journalistes, évidemment sans commune mesure avec la souffrance des victimes et de leurs familles. Azzeddine Ahmed-Chaouch a bien insisté dessus. Mais il m’a confié la difficulté, parfois, à suivre le procès.
"Les cinq semaines de témoignages de victimes, de parties civiles également, c'est très difficile. Et ce sont par exemple les chapitres que j'ai écrits à la fin. Parce que pour être franc, il me fallait un peu de force, de courage. Nous, on n'est pas formé à ça. On a l'habitude de faire des procès, de voir parfois des choses horribles quand on fait la matière justice, police. Mais là, on n'était pas prêt. C'était quand même difficile, ces histoires qui nous ont été détaillées avec talents par les gens qui venaient parler, les victimes. Elles avaient vécu quelque chose, mais elles ont réussi à nous l'expliquer avec cœur, avec précision", souligne-t-il.
Dossier V13 d’Azzeddine Ahmed-Chaouch et Valentin Pasquier sort aujourd’hui en librairie, aux éditions Plon.