Du poulet, du bacon, du fromage...mais est-ce vraiment tout ce que contient un cordon bleu, surtout quand il est industriel ? Pas vraiment, comme le montre un documentaire, La grande Malbouffe, diffusé sur Arte ce mardi soir, à 20h50. Plus largement, cette enquête des journalistes Martin Blanchard et Maud Gangler dévoile les coulisses de l’industrie alimentaire de manière originale : les auteurs ont conçu et produit eux-mêmes leur cordon bleu, ce qui permet d'aborder tous les problèmes posés par la production industrielle, de l'élaboration de la recette à sa commercialisation en passant par la production et même l'emballage. Maud Gangler a dévoilé quelques conclusions de cette enquête mardi dans Culture Médias sur Europe 1.
30 ingrédients moins chers que cinq
Consommé par les petits comme les grands, le cordon bleu est un produit industriel assez universel, aussi bien en France qu'en Allemagne. Et l'on découvre que, pour le produire, il faut beaucoup, beaucoup d'ingrédients. Les journalistes se sont rendus près de Nantes, dans une entreprise qui conçoit la recette. Et dans les bacs, une trentaine d'ingrédients, alors qu'en théorie, cinq suffisent pour en faire un maison : une escalope, du fromage, du bacon, de la chapelure et un oeuf.
Pourquoi un tel écart ? La conservation et le prix, explique l'enquête. "Ce sont essentiellement des poudres et des sirops. Il ne faut pas imaginer que ce sont des vrais ingrédients. Il n'y a pas une belle escalope sur la table, de la belle panure et un beau morceau de fromage. Non, il y a de la viande qu'on va préparer et qui va devenir une préparation de viande, des poudres, des sirops. Ce sont des produits qui ne coûtent rien et qu'on doit assembler pour arriver à créer de toutes pièces ce qui ressemble à un aliment", précise Maud Gangler. Cette préparation de viande, "ce n'est pas du filet, c'est de la viande hachée avec en général de la peau de poulet à laquelle on ajoute des fibres, de l'amidon, etc. Sinon, ça ne tient pas, et c'est trop cher. En fait, il faut gonfler l'eau dans ces produits puisque l'eau, ça coûte beaucoup moins cher que la viande".
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Additifs et huiles minérales
En outre, le cordon bleu est composé de nombreux additifs. Dans le documentaire, la palette va de 5 à 15. "Ça sert à tout. Ça sert à conserver. On est habitué à garder nos produits trois semaines au frigo. Ça sert à la texture, ça sert à donner du goût. On met des arômes et des colorants. Il y a un colorant qui sert à jaunir et ensuite à blanchir le jaune. En fait, c'est de l'industrie lourde. Il faut comprendre ça. Notre alimentation industrielle est de l'industrie lourde".
Parmi les autres révélations de cette enquête, qui aura duré un an, la présence d'encres composées d'huiles minérales dans les emballages, qui peuvent contaminer les aliments. Ou encore la présence de substances que l'on mange sans le savoir, appelées des auxiliaires technologiques, qui ne sont pas indiquées dans la liste des ingrédients. "Par exemple, le diméticone sert à ce que le jus d'ananas ne mousse pas.", explique Maud Gangler. "C'est un petit peu encadré en France, mais ça n'est pas du tout encadré dans l'Union européenne. Et quand on sait le nombre de produits importés qu'on consomme dans notre pays, c'est en effet un gros problème et c'est un des grands tabous de l'industrie."
Pour en découvrir plus sur les pratiques de l'industrie :
La grande malbouffe, un documentaire de Maud Gangler et Martin Blanchard, mardi 2 février à 20h50 sur Arte. Déjà disponible sur Arte.tv jusqu'au 2 avril.