Cette année, France 4 va refaire une rentrée ! La chaîne de la TNT va subir une refonte progressive au début de l'année prochaine. L'objectif est de clarifier sa place au sein de l'offre audiovisuelle publique, alors que dans un contexte budgétaire très tendu, son audience reste atone et son positionnement assez flou.
Des programmes disparates. Car on voit de tout sur France 4, lancée en mars 2005 avec ce leitmotiv : toucher des publics plus jeunes que ceux des chaînes traditionnelles de France Télévisions. Dans la grille de programmes, on trouve, pêle-mêle, des rediffusions de séries comme Plus belle la vie ou Doctor Who, et des magazines originaux à destination des jeunes, comme Viens dîner dans ma cité ou la Master Classe de Pierre Lescure (photo).
La chaîne propose également du sport, du cinéma, des divertissements musicaux (Qui chante le plus juste ?) ou encore des dessins animés à midi. Un cocktail qui est loin de séduire le public : avec une part d'audience d'1,9% (score d'octobre), France 4 se classe bonne dernière des chaînes généralistes de la TNT gratuite.
Changement "graduel". Une situation qui pousse France Télévisions à changer son fusil d'épaule. "France 4 va changer graduellement lors du premier trimestre 2014", a annoncé le 6 novembre Bruno Patino, le directeur général de France Télévisions délégué aux antennes et aux programmes, tout en assurant qu'"il ne s'agit pas de lancer une nouvelle chaîne". Au menu de ce reformatage, qui devrait plus précisément intervenir à partir de mars prochain : un repositionnement sur les plus jeunes, mais aussi de l'innovation. "France 4 va développer une offre jeunesse sur tous les écrans et proposer des programmes qui réinventent notre façon de faire de la télévision", a expliqué Bruno Patino.
Pourquoi ce virage de la ligne éditoriale de France 4, plus de huit ans après sa création ? Parce qu'elle doit "devenir une chaîne pour les nouveaux publics et les nouvelles écritures", affirmait Bruno Patino dans Le Monde en août. Parce que dans l'état actuel des choses, personne ne voit tellement à quoi elle sert, rétorquent les mauvaises langues.
Désaccords. La dernière-née de France Télévisions serait-elle devenue son boulet ? Même au sein du groupe public, les désaccords sur l'orientation à donner à France 4 ont été étalés au grand jour. Invitée sur Europe 1 le 17 octobre, Sandrine Roustan (photo), qui était alors directrice de l'antenne et des programmes de la chaîne, a clairement exprimé ses "réserves" sur la ligne décidée par la direction de France Télévisions.
Quatre jours plus tard, elle était remerciée par Rémy Pflimlin, le PDG du groupe, et remplacée par Tiphaine de Raguenel, directrice des activités jeunesse de France Télévisions depuis l'été 2012. Au cours de sa carrière, celle-ci avait notamment supervisé les chaînes jeunesse de Lagardère Active (actionnaire d'Europe 1). Un signal clair pour signifier la réorientation de France 4 vers un public encore moins âgé que les "jeunes adultes" que cible actuellement la chaîne. Une décision qui traduit aussi la volonté de l'Etat actionnaire : depuis son arrivée au ministère de la Culture, Aurélie Filippetti souhaite qu'une chaîne publique soit dédiée à la jeunesse.
"On est au travail." Pour épauler Tiphaine de Raguenel, un directeur éditorial de la chaîne, Boris Razon, a été nommé. Il est en charge des fameuses "nouvelles écritures", la seconde jambe de la France 4 nouvelle version. Mais comment ce concept va-t-il s'incarner à l'antenne ? Tout juste sait-on qu'un appel d'offres plutôt atypique a été lancé pour un nouveau magazine quotidien, qui serait programmé à 20h15 dès janvier, selon Puremedias.
Sollicitée par Europe1.fr, la direction de France 4 n'a pas souhaité s'exprimer. "On est au travail. Mettre en place de nouveaux programmes, ça prend du temps", avance-t-on au sein de la chaîne, où l'on s'agace par ailleurs des critiques sur la ligne éditoriale, en renvoyant à la concurrence : "on se demande quelle est l'identité de France 4, mais vous la connaissez, l'identité de NT1 ou TMC ?"
Contrainte budgétaire. Chez France 4, on souligne aussi qu'on est contraint de faire beaucoup avec peu. Avec un coût de grille de 40 millions d'euros par an, la chaîne est bien moins dotée que ses concurrentes de la TNT. Des restrictions qui l'auraient empêchée, par exemple, de conserver Touche pas à mon poste ! Lancé en 2010 sur France 4, le talk-show de Cyril Hanouna (photo) fait aujourd'hui les beaux jours de D8...
Le problème, c'est que France 4 n'a pas le choix : en pleine impasse budgétaire, France Télévisions n'a pas un sou de plus à lui accorder. Et alors que le groupe public cherche désespérément à faire des économies, Le Point rapportait en juin dernier que l'un des administrateurs de France Télévisions avait suggéré de… supprimer France 4 ! De quoi mettre la chaîne sous pression pour sa nouvelle formule. Rendez-vous en 2014.