L'INFO. Les règles qui encadrent la publicité à la télévision vont-elles être bientôt assouplies ? S'il s'est bien gardé de trancher sur la question pour l'instant, le gouvernement a du moins entamé une consultation sur le sujet. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a indiqué la semaine dernière avoir reçu un rapport sur le sujet. Mais c'est Christine Kelly, chargée du dossier de la publicité au sein du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui a véritablement relancé le débat. "Aujourd'hui est peut-être arrivé le moment historique de faire sauter les verrous dans les secteurs interdits" de publicité à la télévision, a estimé la conseillère jeudi dernier.
Des secteurs interdits. Un décret de 1992 interdit d'antenne les publicités relatives au cinéma, à l'édition et aux opérations promotionnelles de la grande distribution. C'est pour cette raison qu'on ne voit jamais à la télévision de bande-annonce d'un film ou de spot pour les soldes d'un supermarché. L'objectif de cette réglementation est de ne pas affaiblir certains acteurs fragiles des secteurs concernés. Par exemple, l'interdiction de la pub pour le cinéma vise à protéger les petits films, les espaces publicitaires risquant d'être monopolisés par les grosses productions. Idem pour les petits commerçants, qui risqueraient d'être pénalisés si la grande distribution était autorisée à communiquer sur ses opérations commerciales.
L'enjeu. Mais le contexte du monde audiovisuel a beaucoup changé ces dernières années. Les chaînes gratuites, qui se financent grâce à la publicité, se sont multipliées depuis le lancement de la TNT en 2005. Par ailleurs, la crise n'épargne pas le marché publicitaire, qui devrait baisser de 4% en France cette année et stagner en 2014, selon l'agence Kantar Media. Le lancement de six nouvelles chaînes gratuites, en décembre dernier, a encore accentué la guerre des prix sur les spots TV.
Ils sont pour. C'est pourquoi le gouvernement pourrait se montrer sensible aux arguments des patrons de chaînes, qui réclament un geste destiné à compenser la baisse des prix des écrans pub. La seule autorisation des promotions de la grande distribution pourrait ainsi rapporter 150 millions d'euros aux diffuseurs, selon Le Figaro. Quant aux publicités liées au cinéma, elles généreraient "20 à 50 millions d'euros", estime Christine Kelly, du CSA.
Ils sont contre. Mais dans un contexte tendu pour le marché publicitaire, les autres médias craignent de se faire chiper leur part de gâteau par la télévision. La grande distribution est aujourd'hui le premier annonceur des radios et ses annonces d'opérations promotionnelles sont cruciales pour la presse, notamment régionale. Même inquiétude du côté de l'affichage, premier diffuseur des promotions de films. A charge pour le ministère de la Culture, à qui appartient la décision de modifier ou non le décret de 1992, de trouver la solution qui fera le moins de mécontents.