Beaucoup d'accros feront une nuit blanche. Netflix lève le voile vendredi sur la troisième saison de House of Cards, sa série à succès qui prend pour théâtre les arcanes de la politique américaine. Cette fois encore, le site de vidéo à la demande mettra en ligne les 13 épisodes d'un seul coup. Une aubaine pour les adeptes du binge watching. En France, la série ne sera pas diffusée sur Netflix, mais sur Canal+ Séries à partir de samedi soir, puis sur le service de vidéo à la demande de la chaîne cryptée.
Depuis plusieurs semaines, Netflix distille malicieusement les images au compte-goutte. De très courts teasers et deux bandes-annonces, avec les inévitables plans serrés, musique stressante et répliques cassantes. Ça sent la tension, le machiavélisme et le sang. Ça sent surtout le marketing, à vrai dire. Le problème, c'est qu'à force de faire monter l'attente, House of Cards risque un sérieux retour de bâton. Europe 1 vous explique pourquoi.
>> Alerte spoilers : si vous n'avez pas vu les deux premières saisons de House of Cards, courez-y vite avant de lire la suite de cet article (vous en avez pour 26 heures précisément).
Les scénaristes de House of Cards ont dû faire face à un sérieux écueil. A la fin de la saison 2, Frank Underwood a atteint son but ultime. Il est président. Le voilà occupé à prendre possession du Bureau ovale, tout à la jouissance du pouvoir conquis. Ce pourquoi lui et son épouse intriguaient en coulisses depuis des mois, quitte à en arriver aux pires extrémités, s'est enfin concrétisé.
Dures réalités du pouvoir. Et c'est bien le problème ! Arrivé tout en haut, Frank Underwood va cruellement manquer d'adversaire(s) à abattre. A part le poste imaginaire de dictateur intergalactique, on se demande bien ce que le politicien le plus véreux du petit écran va pouvoir convoiter. Certes, les bandes-annonces laissent entrevoir une chose : l'épreuve du pouvoir ne sera pas une partie de plaisir. Arrivé à la Maison-Blanche, Underwood va vite se confronter aux dures réalités de sa fonction. Au point, visiblement, de faire tanguer son couple, pourtant quasi-inébranlable pendant deux saisons. Mais l'histoire se résumera-t-elle désormais à un (anti) héros tentant de colmater des brèches, alors qu'on l'a vu pendant 26 épisodes gravir sans trembler les échelons du pouvoir ?
Des critiques sévères. Les premières critiques américaines confirment ces motifs d'inquiétude. Le New York Times déplore ainsi "un début étonnamment mou". Le Hollywood Reporter pointe aussi "l'usure du scénario" qui guette la série. Evidemment, négocier des projets de loi avec le Congrès, participer à d'interminables sommets internationaux, suivre un agenda contraignant, c'est moins trépidant que de multiplier les conspirations en tous sens. En bref, être président, c'est pas marrant. Les scénaristes ont propulsé Underwood à la Maison-Blanche. Maintenant, il faut assumer.
Matière à rebondissements. A leur décharge, cet aboutissement peut parfaitement se transformer en commencement. Car si Frank Underwood est maintenant assis sur son prestigieux fauteuil, il n'en doit pas moins surveiller ses arrières. Son passé, terrible, peut ruiner sa carrière en un tournemain. Malgré ses efforts acharnés pour faire disparaître toute trace, certains témoins sont toujours vivants, et des preuves restent éparpillées dans la nature. Le loup tant redouté se changera-t-il en bête traquée ? Autre matière à rebondissement : la mort qui rôde. Dans les deux premières saisons, les scénaristes n'ont pas hésité à tuer par surprise des personnages de premier plan. Sur qui s'abattra la foudre cette fois-ci ?
Il reste donc du grain à moudre. Le New York Times adresse toutefois aux fans cet avertissement : ils devront attendre le cinquième épisode pour voir la série retrouver un peu de saveur. Une déception que le journal résume par cette métaphore gastronomique : "avant le dessert, il y a un plat lourd et trop cuit difficile à avaler".
Ultime saison ? On se mettra tout de même à table, car malgré tous ces doutes, il n'en reste pas moins une question qui nous taraude : le destin finira-t-il par sanctionner Underwood pour toutes ses infamies ? Commercialement, il est évident que Netflix a tout intérêt à prolonger sa carrière. Mais scénaristiquement, peut-être serait-il souhaitable que cette troisième saison soit aussi la dernière. Moralement aussi. Parce que l'ultime saison serait alors l'histoire de la chute d'un homme qui a fait fi de toute humanité pour assouvir sa soif de pouvoir. Après tout, ce ne serait que justice.
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