C'est le plus grand succès de tous les temps au box-office mondial. TF1 diffuse dimanche soir Avatar, le film de James Cameron sorti en 2009. Pour cette première diffusion en clair à la télévision française, la Une s'attend à une audience record. Elle a d'ailleurs fait grimper le prix de ses écrans publicitaires : selon nos informations, un spot de 30 secondes diffusé pendant les coupures pub devrait coûter 140.000 euros, alors qu'en général, le prix du spot sur cette case est légèrement inférieur à 100.000 euros. Preuve que le cinéma peut rapporter gros à la télévision, même si sa diffusion est particulièrement encadrée.
>> Achat des droits, règlementation, coûts de diffusion… Europe1.fr vous explique comment fonctionne la diffusion de films sur le petit écran :
• Combien de temps entre la sortie d'un film et sa diffusion télévisée ?
En France, la législation met en place une "chronologie des médias", qui encadre le rythme de diffusion des films. L'objectif est de préserver la valeur des œuvres en assurant une relative rareté. En effet, si le film est diffusé à la télévision peu de temps après sa sortie en salles, les ventes de DVD seront pénalisées… C'est pourquoi les grandes chaînes gratuites, comme TF1, France 2 ou M6, doivent attendre 22 mois après la sortie d'un film pour pouvoir le diffuser, selon le site du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Elles sont par ailleurs tenues de participer au financement des œuvres (à hauteur de 3,2% de leur chiffre d'affaires au minimum). Pour les chaînes qui ne respectent pas ce critère, le délai s'allonge à 30 mois.
Parce qu'elle a signé des accords avec les syndicats du cinéma, Canal+ bénéficie d'un traitement plus favorable. La chaîne cryptée, qui s'est engagée à coproduire les œuvres de manière plus significative, ne doit respecter qu'un délai de 10 mois, ce qui lui permet de proposer de nombreux films en première exclusivité.
• Les chaînes peuvent-elles diffuser des films n'importe quand ?
Non. Toujours dans le souci de préserver la rareté des films, mais surtout de ne pas pénaliser la fréquentation des salles de cinéma, notamment le week-end, un décret interdit aux chaînes généralistes de diffuser des films sur certaines tranches horaires. Ainsi, il n'est pas possible de programmer du cinéma le mercredi soir, le vendredi soir, tout le samedi, ainsi que le dimanche après-midi.
Toutefois, il existe des exceptions pour les chaînes de cinéma, qui bénéficient de règles plus souples, mais aussi pour les films d'art et d'essai, qui peuvent être diffusés les mercredis et vendredis soirs après 22h30.
• Programmer un film, c'est rentable ?
L'achat des droits de diffusion d'un film se fait dans le cadre d'accords entre les chaînes et les producteurs. Il est donc difficile de chiffrer le coût unitaire de l'acquisition d'une œuvre. Mais une chose est certaine : le prix d'un film dépendra de son nombre d'entrées en salles pour une première diffusion, puis de ses précédentes audiences à la télévision. Or, en raison des bonnes performances du cinéma sur le petit écran, et notamment sur les chaînes de la TNT, le coût de diffusion des films a beaucoup augmenté ces dernières années. "Les bons films valent 150.000 euros", soit "cinq fois plus qu'en 2005", selon un patron de chaîne TNT cité par Challenges le 31 octobre.
Malgré ces coûts et la sévère réglementation, les chaînes font-elles des affaires en diffusant des films ? "Oui, sinon elles n'en proposeraient plus !" sourit Olivier Roberdeau, directeur TV de l'agence Mindshare (qui fait l'intermédiaire entre annonceurs et chaînes), joint par Europe1.fr. Toutefois, un blockbuster n'est pas forcément rentabilisé en une seule diffusion. La diffusion d'Avatar, dimanche, devrait permettre à TF1 d'encaisser deux millions d'euros nets de recettes publicitaires, estime Olivier Roberdeau. C'est beaucoup, mais pas assez pour compenser l'achat des droits. D'où l'intérêt des rediffusions, qui peuvent être négociées dès le premier contrat d'acquisition. Quand une chaîne achète un film, elle pourra ainsi en tirer profit à plusieurs reprises en le rediffusant quelques années plus tard, soit sur sa propre antenne, soit sur des chaînes du même groupe (par exemple sur TMC ou NT1, dans le cas de TF1).
Il est donc dans l'intérêt de ces chaînes que le public ne se lasse pas. Certains classiques font figure de valeurs sûres. "Si TF1 diffuse La Grande Vadrouille (photo) si souvent, c'est parce que les droits d'acquisition sont facilement amortis et que les audiences sont toujours bonnes", avance Olivier Roberdeau. La dernière fois que Louis de Funès et Bourvil se sont illustrés sur la Une, en janvier 2012, ils ont rassemblé 8,7 millions de téléspectateurs. Pas mal, pour une 16ème diffusion…