Mardi 14 octobre à 22h30, France 2 proposera le dernier documentaire de Serge Moati et Yoann Gillet, Adieu Le Pen, conclusion d’un quart de siècle à suivre celui qui a porté le Front National. Le film de Moati propose de suivre la trajectoire de Jean-Marie Le Pen depuis qu’il a quitté les commandes du Front.
“Marie-Caroline ? Je ne pardonne pas tout” Le programme, qui sera diffusé dans le cadre d’Infrarouge, la case documentaire de France 2, oscille entre images en coulisses et confidences de Le Pen père. On y voit par exemple l’homme du “détail” affirmer vouloir mourir d’une balle dans le cœur tirée par un opposant ou reprocher à sa fille Marine de n’avoir pas assez parlé de Jeanne d’Arc le 1er mai 2013, lui qui aurait souhaité... un quart d’heure entier consacré à la Pucelle d’Orléans !
Face caméra, Le Pen revient notamment sur la scission du Front National en 1998. À l’époque, sa fille Marie-Caroline choisit de suivre son mari, Philippe Olivier, dans le camp de Bruno Mégret, le “félon”. Plus de quinze ans après, Jean-Marie Le Pen n’a pas digéré. Devant une photo qui le montre entouré ses trois filles, tendue par Moati, il commente, un peu gêné : “Je ne crois pas qu’on pourrait refaire cette photo [avec Marie-Caroline]. Pour l’instant, nous ne sommes pas en relation.”
“Nous avons un fort contentieux, ce sont des attitudes personnelles à mon égard que je juge incompatibles avec la morale familiale et avec la morale tout court” sanctionne le président d’honneur du FN qui indique beaucoup pardonner… mais pas tout. Fermez le ban.
Alain Delon et le raz-de-Marine. Autres temps forts dans ces scènes privées captées par Moati : les coulisses des soirées électorales. L’échec personnel de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont aux législatives 2012, l’appel réconfortant de son père (“Ma chérie, la vie commence demain !”), la victoire de Marion Maréchal-Le Pen la même année et le succès de l'extrême-droite, deux ans plus tard, aux municipales et aux européennes.
On y découvre une Marine Le Pen tantôt angoissée, accrochée à son iPhone d’où elle lit les résultats (“Bon allez ! Les grandes villes, ça ferme à quelle heure ? 20 ? Ça vient, le Sud ? Faut arrêter de faire la sieste !”), tantôt euphorique (“Ça a été dur cette campagne mais c’était pas pour rien, je suis contente ! C’est un raz-de-Marine !”). Sans oublier le coup de fil de félicitations passé à Jean-Marie Le Pen par un certain… Alain Delon.
“Pas de diable en politique” Le documentaire de Serge Moati, qui s’accompagne d’un livre, Le Pen, vous et moi (Flammarion), a soulevé quelques commentaires : le réalisateur, fils de déporté, se serait-il acoquiné de celui qui, en juin dernier, a promis une “fournée” au chanteur Patrick Bruel ?
Invité hier d’Europe 1, Serge Moati a rejeté toute empathie vis à vis des idées de Jean-Marie Le Pen : “Certains n’ont pas dépassé la page 2 de mon livre. Je ne déteste pas l’homme Le Pen, j’ai le droit de le dire ! Je n’aime pas ses idées, je débats avec lui (...) c’est la complexité des rapports humains !”
Surtout, pour Serge Moati, pas question de se boucher le nez en entendant le nom de Le Pen. “Il n’y a pas de diable en politique, il n’y a que des adversaires qu’il convient de combattre quand on veut les combattre. Pas besoin de sortir des brevets de résistance idiots ou son étoile jaune, en ce qui me concerne, pour débattre et écouter Le Pen.” Et d’ajouter : “Si on l'avait écouté plus tôt, on n’en serait peut-être pas là.”
Interrogé sur le titre de son documentaire - Adieu Le Pen - Moati a concédé que l’épisode de la “fournée” avait constitué pour lui le dérapage de trop : “Il est indécrottable ! Son inconscient cogne à la porte ! 25 ans de cela, entre le point de détail et la fournée. Ça suffit, je prends un peu de vacances !”
Mais sans totalement fermer à la porte à de futurs tournages avec celui qu’il suit depuis 1991…