C’est bien connu : manque de moyens financiers de rime pas avec créativité. En matière de télévision, si l’achat d'émissions étrangères état déjà monnaie courante depuis une dizaine d’années, notamment en matière de télé-réalité, la crise économique a amplifié le phénomène.
Ces concepts d’émissions, qui s’exportent à moindre frais sont un des thèmes du 47e MIPTV de Cannes, inauguré lundi. Le marché international des contenus audiovisuels, qui a reculé de 1,2 % entre 2008 et 2009, a dû s’adapter à la récession. L’achat de concepts est évidemment beaucoup moins coûteux que la création de nouvelles émissions.
La Grande-Bretagne en tête
Super Nanny, adaptation d’un programme anglais du même nom, Nouvelle Star adapté de Pop Idol,Koh Lanta dérivé du Survivor américain : tous ces formats, qui font désormais partie de notre quotidien, viennent de l’étranger.
C’est aussi le cas d’émissions plus récentes. Top Chef, diffusé sur M6, est adapté d'une émission américaine. La future émission culinaire de TF1, Master Chef, prévue avant l'été, s’inspire quant à elle d’un programme diffusé depuis 1990 sur la BBC. A chaque fois, le programme est adapté à la culture du pays, ce qui peut donner des émissions très différentes, malgré des concepts identiques.
Le "marché des formats" pèse 2,2 milliards d’euros à travers le monde. Les trois plus gros exportateurs de formats d’émissions sont la Grande-Bretagne, largement numéro 1, devant les Etats-Unis et les Pays-Bas.
Créer des formats adaptables
C’est aussi un bon moyen de minimiser les risques, dans un contexte qui donne moins de temps aux programmes pour s’installer. "Les chaînes ont toutes besoin de formats éprouvés. Si les audiences sont bonnes sur un territoire, on a deux fois plus de chances de vendre", explique Nathalie Wogue, en charge de l’international chez Endemol, une société qui a fait de l’adaptation de formats une spécialité.
La revente de formats explique que les grandes sociétés de production internationale, comme Endemol ou Fremantle, privilégient l’investissement créatif dans le développement de concepts qui sont adaptables à l’étranger. Une politique qui encourage notamment la télé-réalité. "La seule manière de se rembourser, c’est d’avoir des émissions qui peuvent se dupliquer", a ajouté Nathalie Wogue.
La France importatrice
Si beaucoup d’émissions étrangères sont adaptées en France, l’inverse est moins vrai. Fort Boyard reste une des émissions françaises les plus adaptées à l’étranger. Depuis son lancement en 1990, elle a été diffusée dans 25 pays, ce qui permet au fort d’accueillir de nombreux tournages chaque année.
Plus récemment, le concept de l’émission de France 2 Panique dans l’oreillette, présentée par Frédéric Lopez, a été vendu à la chaîne italienne Rai.
– La télé française manque-t-elle de créativité ?