C’est un groupe aussi puissant que mystérieux. D'ailleurs, rares sont les Espagnols à avoir entendu parler des déboires de Mediapro en France, avec un blocage des paiements à la Ligue de football professionnel. Fondé à Barcelone par un étonnant homme d'affaire, Jaume Roures, qui se revendique encore comme trotskiste, Mediapro est un groupe très puissant. Et, fort de ses atouts, le géant espagnol n'a aucune intention d'abandonner le combat.
Pour Roures, trotskisme et entrisme
En Espagne, d'abord, il est difficile de dire du mal de Jaume Roures, barbe hirsute et lunettes soignées. "On parle peu de lui en Espagne, parce qu'il a une influence considérable dans tous les milieux", assure Llibert Tarrago, ancien éditeur à Barcelone. "Cet ancien trotskiste pratiquait l'entrisme en s'infiltrant jusqu'au plus haut de la société catalane et espagnole. Il a ligne directe avec le gouvernement, la Moncloa (le palais du chef du gouvernement espagnol, ndlr) et le CAC40 espagnol."
" Mediapro a construit tout son empire avec des batailles de ce genre-là "
Socio du Barça, engagé à l'extrême gauche, Jaume Roures a vite compris dans les années 1980 qu’il pouvait gagner beaucoup d’argent avec la gestion des droits TV du football. Racheté par un fond de pension chinois il y a deux ans, Orient Hontai Capital, Mediapro a l'expérience des longs bras de fer.
Un revers marquant en Italie
Pour le journaliste Pere Rusiñol, ancien de Mediapro, la société ne renoncera pas facilement aux droits du football français : "Mediapro a construit tout son empire avec des batailles de ce genre-là. On a un exemple d'il y a plus de dix ans où ils ont été capables de s'imposer face au plus grand groupe de communication d'Espagne. Personne ne peut affirmer que Mediapro va perdre cette bataille."
En juin 2018, Mediapro avait tout de même essuyé un sérieux revers : faute de garantie bancaires et financières suffisantes, l'Italie lui avait finalement retiré les droits télé de son championnat, acquis quelques mois plus tôt pour la période 2018-2021.