Vous connaissez sa voix. Derrière celles de Oui-oui, de Dragon Ball… se cache celle de Brigitte Lecordier, l’une des plus grandes doubleuses françaises. Depuis plus de 35 ans, elle a incarné une palette impressionnante de personnages, de l’animé japonais au cinéma. Une voix qui compte aussi pour la sauvegarde de ce métier de l’ombre, menacé par l’intelligence artificielle qui peut aujourd’hui créer en un rien de temps un doublage généré par une machine.
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"Il n'y aura jamais le jeu" du comédien
"... Nuage magique !" Reconnaissable à sa voix enfantine, de Nicolas dans "Bonne nuit les petits" à San Goku dans "Dragon Ball Z", Brigitte Lecordier, aujourd'hui 62 ans, a donné vie en français à des personnages mythiques du petit et grand écran. "Des gens qui ne peuvent pas lire aux aveugles aussi ou aux personnes âgées. Notre métier est hyper important", vante la comédienne. Un métier nécessaire, menacé par l'intelligence artificielle.
"Sur un doublage, on peut reprendre ma voix et lui faire dire ce qu'on veut et la faire parler dans toutes les langues. Après, il n'y aura jamais le jeu. Il ne faut pas que l'IA puisse remplacer un être humain et encore moins un artiste", s'inquiète-t-elle. Une IA incontrôlable capable d’imiter Brigitte Lecordier : "Il y a des gens qui se sont amusés à me faire dire des bêtises ou chanter des génériques que je n'ai pas chantés, etc.", poursuit-elle.
La doubleuse utilise sa voix aujourd’hui pour une nouvelle mission : sauvegarder son métier, impossible à reproduire par une machine. "Je suis un peu le porte-parole de l'association Les Voix, qui se bat justement pour qu'il y ait une loi ou une réglementation à propos l'IA concernant les artistes", explique Brigitte Lecordier. Une pétition "touche pas à ma VF" lancée par l’association Les Voix, qui rassemblent les doubleurs français, en soutien à ce métier de l’ombre a d'ailleurs déjà réuni plus de 25.000 signatures.