Après une rentrée marquée par de mauvaises audiences, le Grand Journal a décidé d’opérer quelques modifications pour son retour à l’antenne le 4 janvier. Objectif : revenir dans la course des programmes dit "access". Après un mois de diffusion, un nouveau bilan s’impose d’autant que les rumeurs sur son remplacement partiel par une émission de Thierry Ardisson, "pas à l’ordre du jour" selon Canal+, vont bon train.
Début janvier, pour espérer remonter la pente des audiences, Canal+ a apporté une modification au Grand Journal : une coupure entre le journal et l’interview politique et le "reste" de l’émission. Objectif : ne plus perdre de télespectateurs lors de l’interview politique, vue comme l’une des raisons faisant décrocher le public.
Descente aux enfers. A la fin janvier, la tendance semble pourtant très loin de l’inversion de la courbe. En fin de semaine dernière, l'émission est en effet tombée, selon les chiffres mesurés par Médiametrie, à 2,5% de part d'audiences, son pire résultat depuis le mois de septembre. En comparaison, il y a trois ans, à la même période, Canal+ se félicitait de son score à deux chiffres.
La moyenne depuis le début de l'année n'est guère plus flatteuse avec 3,1% des télespectateurs devant leur écran tous les soirs, en baisse de 0,1% sur un mois et de 3,2% par rapport au mois de janvier 2015. En un an, l’émission est passée de 1.300.000 télespectateurs à environ 600.000. Cette baisse profite donc aux autres programmes. Canal+ est désormais quotidiennement dépassée, sur ce créneau, par France 5 avec C à vous qui rassemble en moyenne plus 5% du public soit un peu plus d’un million de personnes et Touche pas à mon poste sur D8 (groupe Canal+) qui accueille entre 1,5 et 1,8 million de personnes chaque jour.
Selon un spécialiste des médias interrogé par Europe 1, "le début plus tardif de l’émission peut en partie expliquer la baisse du Grand Journal". Le journal de Canal+ et l’interview politique durent en effet jusqu’à 19h10 et l’émission ne commence donc vraiment qu’à cette heure si. "C’est plus tard que les programmes concurrents" et notamment C à vous (qui commence à 19h) poursuit-il en rappelant que "la saison dernière, l’émission démarrait à 18h55".
Des revenus en baisse. Surtout, cette baisse des audiences s'accompagne d'une nette baisse des revenus pour la chaîne cryptée. Sur le site de la régie publicitaire du groupe, on peut ainsi voir que les prix publics (et avant négociations) des espaces publicitaires ont baissé de plus de 30% sur un an. Trente secondes de publicité à 20h05, soit à la fin de l'émission sont facturées 12.300 euros par la chaîne pour la semaine du 25 janvier contre 18.400 euros il y a un an. Une baisse de 33%. Signe de son dépassement, l'émission phare de Canal+ coûte désormais moins cher aux annonceurs que Le Petit Journal de Yann Barthès qui facture, lui, la même publicité à 20h35 à 17.800 euros.
Le Petit Journal entraîné dans la baisse. Pire, Le Petit Journal, l'autre émission star de Canal, dont les bons chiffres ne semblaient pas se démentir est entraînée dans la spirale. D’après des chiffres Médiamétrie, l'émission perd en effet 500.000 téléspectateurs sur un an et passe à 4,9% de part d'audience en janvier 2016 contre 6,5 à la même période un an plus tôt.
Les explications sont là encore multiples mais la première d’entre elle vient des mauvais scores du Grand Journal. "On peut logiquement penser" que la faiblesse du Grand Journal influe sur les audiences, explique un professionnel des médias. Le nombre de personnes présentes devant le Grand Journal et restant pour le Petit Journal est donc moins élevé puisque le nombre de télespectateurs de départ est plus faible. L’allongement de dix minutes de l’émission n’explique en revanche pas la baisse. "On ne constate pas d’influence de la durée du programme sur l’audience des access" nous confie un spécialiste du secteur.
"Laisser le temps". Chez Flab, la société de production du Grand Journal choisie par Vincent Bolloré à l’été pour reprendre l’émission, pas question de s’alarmer pour autant. Certes, on admet "que dans un premier temps, la programmation n’était pas forcément celle que l'on souhaitait". "On est parti avec une longueur de retard" en raison de la décision tardive de continuer l’émission, argumente-t-on. Optimiste, la production rappelle, non sans une pointe d’humour, que dans le milieu, "on descend les audiences par l'ascenseur, on les remonte par l'escalier".
"On voit des signes, elle (l’émission) est en progression" avance un cadre de Flab ajoutant que "au-delà des chiffres, la formule (mise en place début janvier) est beaucoup plus agréable à regarder" qu’à la rentrée. "Les bonnes émissions d'aujourd'hui feront les bonnes audiences de demain (…), mais on sait que ça va prendre du temps" explique-t-on encore.
"Aucune menace sur l’émission". Flab l’assure cependant, "contrairement à ce qui a pu être dit, il n’y a aucune menace sur l’émission". Elle sera, "c’est sûr et certain" à l’antenne jusqu’à la fin de la saison. Quant au maintien de l’émission sur la chaîne cryptée à la saison prochaine, il est pour l’instant plus difficile d’y voir clair.