Frédéric Boisset, rédacteur en chef et Caroline Benaroch, réalisatrice, ont pu recueillir les témoignages de nombreux policiers, gendarmes et pompiers de Paris. 1:32
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A.H.
Mardi soir, le documentaire "Cellule de crise" nous plonge dans l'horreur de la nuit du 13 novembre, au cœur des services de l'État.
INTERVIEW

C'est un reportage exceptionnel que diffuse France 2 mardi soir. Près d'un an après les attentats du 13-Novembre à Paris et Saint-Denis, le magazine Cellule de crise raconte, après huit mois d'enquête, comment l'Etat a fait face à cette nuit d'horreur.

Interdiction de communiquer. Invités du Grand direct des médias mardi matin, Caroline Benarrosh, co-réalisatrice du documentaire, et Frédéric Boisset, rédacteur en chef de l'émission, ont raconté les difficultés qu'ils ont eues à dépasser pour boucler cette enquête, nourrie de témoignages rares et puissants. "Le ministère de l'Intérieur nous a fermé les portes dès le début. On a insisté mais elles ne se sont jamais ouvertes", atteste Caroline Benarrosh. "Personne n'avait l'autorisation de nous parler. Ni les policiers, ni les gendarmes, ni les pompiers de Paris. Ce qui complique fortement un reportage qui veut raconter comment ces gens-là ont vécu et géré les attentats", déplore Frédéric Boisset. Pour le rédacteur en chef de Cellule de crise, l'État a mis "plus que des freins" à cette enquête.

De nombreux témoignages anonymes. Si les autorités leur ont mis autant de bâtons dans les roues, c'est lié - suppose-t-il - à "un malaise vis-à-vis de nos remises en cause sur ce qui a pu ne pas fonctionner". En janvier 2016, le premier numéro de Cellule de crise retraçait l'attentat de Charlie Hebdo et pointait déjà des dysfonctionnements au sein des services de l'État. "Ils l'ont peu apprécié, semble-t-il", en déduit Frédéric Boisset. Malgré l'interdiction qui leur avait été signifiée et les sanctions qu'ils encourent, nombre de gendarmes, policiers ou pompiers ont accepté de répondre aux questions des journalistes de Cellule de crise, en "off", anonymement. "Ils ont besoin d'en parler, de se justifier lorsque ça n’a pas marché, de mettre en avant les choses héroïques qu’ils ont fait", assure le rédacteur en chef de l'émission. Une agent des services de la DGSI et un agent du Raid font partie des témoignages très forts recueillis pour cette enquête. "On a recueilli mot à mot leurs témoignages et on les a reconstitués avec des comédiens", précise Caroline Benarrosh.

Une "confusion" jusqu'au "sommet de l'État". La rédaction de Cellule de crise a également pu se procurer les échanges radio de la police au soir du 13 novembre. Ils montrent "la confusion qui a pu régner ce soir-là", raconte la réalisatrice. "En une demi-heure, il y a eu deux kamikazes au Stade de France, six terrasses attaquées sur trois sites différents, puis l’attaque du Bataclan. Forcément, il y a eu une multitude d’alertes, des milliers d'appels", explique Frédéric Boisset sur Europe 1. "Même au sommet de l'État, au centre interministériel de crise qui est censé coordonner l'action des services, il y avait une sorte de sidération, de panique", raconte Caroline Benarrosh. En revanche, la réalisatrice et le rédacteur en chef l'assurent, il ne s'agit pas de jeter l'opprobre sur tel ou tel service. "Ce qui est certain c'est que les hommes sur le terrain ont fait de leur mieux et qu'il était difficile de coordonner leurs actions".

Cellule de crise : "13 novembre, quand la France vacille", à 20h55 sur France 2