C'est un rendez-vous annuel qui inquiète, une fois de plus. Le journal La Croix publie vendredi la 35e édition de son baromètre des médias. Un indice de confiance et d'intérêt des Français qui inquiète encore cette année. Le journaliste de La Croix Gauthier Vaillant décrypte au micro de Philippe Vandel dans Culturte Médias les résultats de cette édition 2022 du baromètre. Une édition très marquée par le Covid-19 et par une rupture qui s'accroît brutalement entre la jeunesse française et les médias dits "traditionnels", à savoir la radio, la télévision et la presse écrite.
Une défiance accrue envers Internet
Les choses se sont-elles passées comme les médias vous l'ont raconté ? C'est cette question qui sert depuis 35 ans à La Croix pour analyser la confiance des Français dans les médias. Pour 2022, la radio reste en tête à 49%, un chiffre en baisse de 3 points. Une première place que la radio partage cette année avec la presse écrite, en hausse de 1 point. Vient ensuite la télévision à 44% (+2 points). Internet continue de s'effondrer, à 24% de confiance, en baisse de 4 points.
"L'élément le plus important, c'est la chute de la confiance en Internet", confirme sur Europe 1 le journaliste de La Croix Gauthier Vaillant. "Elle retrouve un niveau de défiance que l'on n'avait pas vu depuis plusieurs années. Cela s'explique par le fait qu'Internet est le lieu où se diffusent les fausses informations et les rumeurs. Or, Internet reste la source d'information la plus utilisée, donc nous sommes presque face à une contradiction." L'intérêt des Français porté à l'actualité, autre indicateur d'importance du baromètre de La Croix, passe de 67% à 62%.
Des Français lassés par le Covid-19, Eric Zemmour et Lionel Messi
Cette perte d'intérêt s'explique, en partie, par la surexploitation médiatique de certains sujets. Ce 35e baromètre dévoile le top 3 des sujets dont les Français estiment qu'ils ont trop entendu parler dans les médias. En première place, le Covid-19, suivi d'Eric Zemmour et de l'arrivée de Lionel Messi au Paris Saint-Germain.
"La lassitude concerne-t-elle le traitement médiatique ou le Covid-19 en lui-même ?", interroge Gauthier Vaillant. "Il y a sur ces trois sujets un effet de jugement rétrospectifs : les Français trouvent qu'ils ont trop entendu parler de sujets qui ont fait beaucoup d'audiences. Sur le Covid-19, on en a autant parlé parce que cette actualité était très présente."
Rupture brutale des 18-24 ans avec les médias
L'intérêt des 18-24 pour l'actualité chute également, passant en un an de 51% à 38%. Une chute magistrale de 13% qui inquiète. "Quand on dit que la jeune génération est très conscientisée, notamment sur l'écologie, on a envie d'y croire", rappelle Gauthier Vaillant. "Mais on a tendance à élargir à toute une génération la mobilisation d'une partie seulement. Mais cette chute est aussi due à un effet de contexte. Et reste également la question non-résolue de l'éducation aux médias et à l'information. La fréquentation des médias traditionnels ne va plus de soi pour la jeune génération."