Confiance envers les médias : "Le thème des fake news compte dans l'opinion"

Cédric Mathiot, journaliste à Libération et Guillaume Goubert, directeur de La Croix.
Cédric Mathiot, journaliste à Libération et Guillaume Goubert, directeur de La Croix. © Europe 1
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C.O. , modifié à
Guillaume Goubert, le directeur de la Croix et Cédric Mathiot, responsable du service LibéDésintox chez Libération, décryptent mardi sur Europe 1 les résultats du baromètre annuel de La Croix sur la confiance envers les médias.
INTERVIEW

Ça va mieux entre les Français et les médias. La confiance envers les médias traditionnels remonte fortement en ce début 2018 selon le 31e baromètre réalisé par l'institut Kantar Sofres et présenté mardi par La Croix. Qu'il s'agisse de la radio (56%, +4 % sur 1 an), qui reste le média jugé le plus crédible, de la presse écrite (52%, +8%) et de la télévision (48%, +7%), la confiance est en forte progression.

"On a quand même des variations d'une année à l'autre. Il y a deux ans, le sondage avait été touché par le drame de Charlie Hebdo et les personnes interrogées avaient exprimées une sorte de respect pour la profession. Ainsi cette année-là, le chiffre avait été très élevé", explique mardi Guillaume Goubert, le directeur de La Croix, invité au micro de Philippe Vandel dans Village Médias. "Il avait été mauvais l'année suivante. Cette année, il remonte sauf pour Internet". 

"Les gens sont assez perdus". Selon le baromètre, seul un Français sur cinq juge crédibles les informations qu'il trouve sur Internet. "C'est la confirmation que le thème des fake news compte dans l'opinion", analyse Cédric Mathiot, journaliste à Libération et responsable du service LibéDésintox & CheckNews qui pointe toutefois un paradoxe, celui de croire les journaux papiers et ne pas croire les journaux Internet alors même qu'ils sont réalisés par les mêmes journalistes. "Ça confirme qu'il y a une défiance vis-à-vis d'Internet et de ce qui circule sur les réseaux sociaux. Les gens sont assez perdus", complète-t-il.

Un reflet des clivages entre les classes sociales. Autre enseignement de ce baromètre, le traitement des grands événements de 2017. Ainsi 57 % des sondés estiment que les médias ont trop parlé de l'affaire Fillon et 5 % d'entre eux ne voient pas de quoi il s'agit. Autour de ce thème-là, "il y a des choses plus étonnantes", estime Guillaume Goubert. "Que 37 % de cet échantillon n'ait pas entendu parler de la campagne sur Twitter #balancetonporc est quand même très impressionnant. Quand on regarde dans le détail, on se rend compte que dans les milieux populaires, on ne voit pas du tout de quoi il s'agit", précise-t-il. "Globalement, ce sondage reflète un clivage de plus en plus fort entre les personnes vivant en ville, ayant fait des études significatives par rapport au reste de la population. Les uns sont très à l'aise avec les médias, les autres sont méfiants et un peu perdus".