Il ne voit pour l'heure aucune porte de sortie à la crise qui secoue iTélé depuis une semaine. Lundi, Antoine Genton, président de la société des journalistes de la chaîne, a dressé sur Europe 1 un état des lieux de la situation, alors que démarre une nouvelle semaine de bras de fer avec la direction.
Morandini, déclencheur de la crise. "L’arrivée de Jean-Marc Morandini est un élément déclencheur dans cette crise", résume le journaliste. L'animateur, mis en examen pour "corruption de mineurs aggravée", présente depuis lundi 17 octobre - date du début de la grève - une émission sur les médias sur iTélé. "Nous avons toujours rappelé que nous respections la présomption d’innocence, il n’est pas question de transiger sur ce point. Mais il nous semble qu’il y avait d’autres choses à faire que de mettre Jean-Marc Morandini à l’antenne", souligne Antoine Genton.
Le projet "CNews" inquiète. Pour le journaliste comme pour la grande majorité des salariés de la chaîne d'informations en continu, "le symbole de l’arrivée de Jean-Marc Morandini, ce qu’il a fait à l’antenne pendant quatre jours, nourrit la colère". "Mais le malaise est beaucoup plus profond", insiste le présentateur. "Ça date d’il y a un an. Les moyens ont baissé, nous avons des craintes sur l’indépendance de la rédaction, sur la rigueur du travail qui est fait". En clair, c'est tout le "projet CNews", le futur nouveau nom d'iTélé, qui pose problème. "Nous avons demandé des précisions que nous n’avons obtenues que partiellement", explique Antoine Genton, qui confirme que l'arrivée d'Eric Zemmour et des frères Bogdanov à l'antenne a été "mentionnée".
Des journalistes tentés de quitter la chaîne. Il y a dix jours, iTélé a ouvert une "clause de conscience" pour les journalistes qui souhaitent partir plutôt que travailler avec Jean-Marc Morandini. Pour Antoine Genton comme pour d'autres, cette "clause de conscience" donne l'impression "qu'on veut nous mettre dehors". Sur Europe 1, le journaliste a confirmé que nombre de salariés réfléchissaient à quitter la rédaction. Lundi, comme tous les jours, les salariés voteront pour la reconduction ou non du mouvement de grève. "Ce que je demande, c’est de continuer à dialoguer. Personne n’a intérêt à ce que cette grève continue", martèle Antoine Genton.
Combatif, le journaliste est aussi et surtout attristé par la tournure des événements. "Ça nous fait mal de ne pas pouvoir faire notre métier, de ne pas pouvoir informer les téléspectateurs correctement".