La presse et le peuple britannique sont sous le choc. Mercredi, Meghan et Harry ont annoncé leur décision de prendre leur distance avec la famille royale dans un post Instagram. Ils ont déclaré vouloir s'installer une partie de l'année en Amérique du Nord et leur intention de travailler pour devenir "financièrement indépendants, tout en continuant à soutenir la reine". Philip Turle, journaliste au service anglais de France 24, et Jérôme Carron, journaliste à Point de vue, et spécialiste de la monarchie britannique, ont expliqué sur Europe 1 pourquoi cette décision bouleverse autant la Grande-Bretagne et déclenche le courroux de la presse d'outre-Manche.
"C'est un autre feuilleton"
"En fait, avec celui du Brexit, c'est un autre feuilleton", résume Jérôme Carron pour expliquer l'emballement médiatique et populaire autour de cette décision. "Il y a 20 mois, le mariage entre Meghan et Harry les a consacrés auprès de millions de téléspectateurs. Et le feuilleton a continué avec la naissance de Archie, les premières frictions entre la presse et le couple… Là, on arrive à un nouvel épisode de 'la saison 2' de Harry et Meghan avec le 'Megxit' ", explique-t-il en reprenant le titre du Sun.
Le Daily Mirror, lui, s'est indigné, titrant : "ils ne l'ont même pas dit à la reine !". Elizabeth II ne l'a toutefois pas découvert dans les journaux, puisque "les rumeurs couraient autour des conseillers du couple sur leur envie de changer de statut. En revanche, ils n'avaient pas précisé la date", raconte le journaliste de Point de vue. La monarque a donc été prise de cours. "La reine avait demandé à ce qu'il y ait des réunions entre Charles, William, Harry, les conseillers en communication et les conseillers de la couronne pour déterminer leur nouveau statut et faire la communication", précise le journaliste.
Même le Times, journal très sérieux et de référence, a dénoncé une annonce prématurée, égoïste et malveillante : "Au Royaume-Uni, quand vous épousez un prince d'Angleterre, vous épousez 60 millions de personnes, cela fait partie du contrat. Or là, les Britanniques ont le sentiment d'être floués. Ils ont le sentiment d'un caprice. Cette jeune femme a voulu un diadème, une robe longue, vivre la vie de princesse mais elle refuse maintenant d'en payer le prix."
"La reine a 93 ans, on ne peut pas la traiter de cette manière"
Philip Turle explique si "la famille royale britannique divise encore un peu le pays", sur le fond, "une personne suscite un respect presque universel en Grande-Bretagne, c'est la reine. Donc, quand on touche à la reine, quand on voit les membres de sa famille faire des conneries, la presse sérieuse fait un contre coup". Pour le journaliste de France 24, l'erreur de Meghan et Harry réside donc bien dans le fait que la reine n'ait pas été prévenue. "Dans le protocole britannique, on discute, on trouve un compromis, et puis on publie une annonce officielle", ajoute Philip Turle. "Je pense qu'il y a une frustration de la part de la reine, du prince Charles et même de William. La reine a 93 ans, on ne peut pas la traiter de cette manière", estime-t-il.
Pour Jérôme Carron, "ils ont mis la reine, la personne la plus importante de la monarchie, dans l'embarras. C'est un crime de lèse-majesté quelque part, ce qu'on fait Harry et Meghan !". La décision d'Harry et Meghan est unique. Jamais, en Grande-Bretagne, on a vu quelqu'un s'extraire soi-même de la famille royale "alors qu'on leur a offert le mariage, la maison et le statut qu'ils voulaient", ajoute le journaliste.