Ce sont des salves d'insultes et railleries sur Twitter, adressées sous couvert d'anonymat à des grévistes et syndicalistes en pleine débâcle sur la loi Travail, qui ont indigné Denis Robert.
Pour s'opposer à ce déversement de propos haineux, le journaliste, connu pur avoir révélé l'affaire Clearstream, a pris la décision, en dehors de toute procédure judiciaire, de révéler l'identité de ces twittos, qu'il appelle des "golden corbeaux", en publiant un article sur sa page Facebook. Il était l'invité samedi, de l'émission C'est arrivé cette semainepour exposer sa démarche.
Extrait de l'article sur les "Golden corbeaux" publié sur la page Facebook de Denis Robert.
Dans cet article, Denis Robert a "choisi" de s'attaquer "aux pires". "Les pires dans les insultes, les pires dans l'hypocrisie, l’inintelligence, l'agressivité. Ils rassemblaient un peu tout ce que je déteste et en plus, ils avaient un masque. Twitter, c'est un grand café où tout le monde parle", mais parle parfois violemment. Il le dit pourtant, il "ne veut absolument pas interdire l'anonymat. Simplement exercer son "droit de citoyen" de s'insurger, sans revendiquer sa fonction de journaliste.
"Ce n'est pas de l'humour. Ce sont des mecs qui ont un dessein idéologique". Derrière ces twittos, il a repéré "des administrateurs de grands groupes, des avocats d'affaires, des traders, des analystes financiers", identifiés facilement parce qu'ils "avaient presque le même nom" sur Twitter et dans la vie. "De quel droit ce trader à Londres, qui exhibe sa Ferrari, vient cracher sur un gréviste dont il veut noyer la tête sous l'eau dans d'atroces souffrances ?", se révolte l'homme. Mais son initiative de "citoyen" a eu des conséquences. "D'abord, les types ont fermé leurs comptes et ont ensuite essayé de m'empêcher de m'exprimer."
Selon lui, la loi et la justice, qui permettent en théorie de faire condamner ceux qui insultent, ne suffisent pas. "S'ils discutent entre eux, ça ne me pose pas de problème. Mais ils viennent emmerder des types sur leur blog et ça vient interférer dans le débat public", raconte-t-il avant de s'étonner que "personne avant [lui] n'ait eu cette réaction".
"Pas justicier". Le fond du problème selon le journaliste, "c'est qu'il y a une pensée derrière tout ça. Ce n'est pas de l'humour, de la parodie. C'est des mecs qui ont un dessein idéologique." Denis Robert ne voudrait pas se "faire justicier", dit-il, mais leur faire prendre conscience qu'ils sont sous une "menace", et qu'ensuite certaines personnes diffamées ou des associations comme la Licra pourraient intervenir.