C'est un communiqué qui date du 9 avril dernier. Le titre : "Un président qui préfère la communication à l'information." Voilà les mots de l’Association de la presse présidentielle, qui regroupe les journalistes français et internationaux qui suivent les déplacements du président de la République. En cette période de coronavirus, elle dénonce les restrictions du service de communication de l’Elysée. "Pour nous le Président étant un personnage public, aucun de ses déplacements publics ne peut se faire sans la présence de journalistes pour pouvoir rapporter les faits", assure Alison Tassin, vice-présidente de l’association, sur Europe 1.
La différence entre information et communication
"Le communiqué fait suite à un déplacement du président de la République le 9 avril dernier, au CHU du Kremlin-Bicêtre, auquel la presse n’a pas été conviée", précise la vice-présidente. "C'est une coutume, depuis très longtemps les journalistes assistent aux déplacements du président de la République. Cela se fait parfois en format restreint, ça on peut le comprendre particulièrement dans cette crise où le président visite des hôpitaux. Il y a une distance à maintenir, on ne peut pas être 20, 30 journalistes autour du président de la République en temps de coronavirus. Mais on a des systèmes de 'pool' qui existent où on peut avoir un journaliste représentant chaque type de médias qui rapporte aux autres."
Autour de cette visite, une polémique autour d'une vidéo diffusée par l'Elysée, sur son compte Twitter. Sur les images, on peut voir le personnel soignant applaudir en chœur avec Emmanuel Macron. Néanmoins, ce n'est qu'une partie de la scène qui a été montrée. Il manque les échanges entre le président de la République et le personnel de l'hôpital.
"C'est là où on voit la différence entre la communication et le journalisme. Cet extrait a été diffusé par l’Elysée pour montrer ce qu’elle avait envie de montrer c’est-à-dire un beau moment de communion entre le Président et le personnel soignant", souligne Alison Tassin. "Mais ce qu’a très bien rapporté le papier du Parisien, c’est que ces applaudissements faisaient suite à des échanges avec le président sur les conditions de travail à l’hôpital, les mois de grève et plus généralement sur le malaise qui peut régner dans l’hôpital. L’Elysée n’en a pas fait état, et si un journaliste avait été présent il aurait pu rapporter ces échanges."
Un journaliste plus indispensable que la communication
Durant la même journée, le président de la République Emmanuel Macron a rendu visite au professeur Didier Raoult, à Marseille, défenseur du traitement controversé de la chloroquine contre le coronavirus. Un déplacement sans journalistes, qui se voient signifier un problème de place. "Ce jour-là, à Marseille, la photographe du président de la République était présente", pointe la vice-présidente. "Il y a eu des images encore une fois fournies par l’Elysée, là où un journaliste est plus indispensable, surtout en ces temps de crise, que la communication du Président."
Un contrôle renforcé de l'image du Président, quelques jours après la polémique suscitée par un déplacement à Pantin, où une foule compacte entourait Emmanuel Macron. "Ce n’est pas forcément une volonté de cacher quelque chose, c’est parfois de l’improvisation", tempère Alison Tassin.
"Je pense à l’usine de masques qu’a pu visiter le président de la République, un échange avec les salariés devait être filmé. Et puis d’un coup, les services du Président ont décidé que la caméra qui retransmettait ces échanges devait aller se positionner pour le discours du président de la République ensuite. Donc on fait couper la caméra. Or, ces échanges étaient très intéressants sur le fond." Des événements qui se sont parfois déjà produits avant la crise du coronavirus.
Apporter la contradiction
Née en 1928, l'Association de la presse présidentielle regroupe 200 adhérents, journalistes français et étrangers, et a pour mission de garantir un accès égal à tous aux événements et déplacements organisés par l'Elysée. Sa parole a du poids, et les services de l'Elysée ont répondu à leurs inquiétudes. "On a pu s’entretenir avec le service presse et communication et je crois que le message a été entendu. Cette semaine on a des exemples qui prouvent que les choses sont en train de s’améliorer. Lundi par exemple le Président a publié son agenda pour la semaine, c’est quelque chose qu’on n'avait pas eu depuis plusieurs semaines", explique Alison Tassin.
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Prudente, l'association continue de rester vigilante quant au traitement de l'information provenant de l'Elysée en cette période de crise sanitaire. Un travail rendu difficile, puisque tout se fait désormais par téléphone. "On essaye de mettre les politiques face à leurs contradictions. C’est une communication au fil de l’eau", confie-t-elle.