Trois associations --la Fondation des Femmes, Femmes Ingénieures et Global Witness-- ont annoncé lundi saisir la Défenseure des droits et la Cnil pour "discrimination sexiste" concernant des offres d'emploi proposées par les algorithmes de Facebook.
L'annonce "Petite enfance" a ciblé des femmes à 94%
L'ONG Global Witness a réalisé en mars 2022 un test en créant cinq offres d'emploi formulées de manière neutre, pour autant de métiers: secrétaire, pilote de ligne, auxiliaire petite enfance, psychologue, responsable d'une structure informatique. Pour la diffusion, Global Witness a laissé aux algorithmes de Facebook le pouvoir de sélectionner l'audience ciblée par ces annonces.
Or l'annonce "Petite enfance" a ciblé des femmes à 94%, l'annonce "Secrétaire" à 92% et l'annonce "Psychologue" à 80%, indique la Fondation des Femmes dans un communiqué commun avec les deux autres organisations. A l'opposé, "l'annonce pour un poste de pilote de ligne a été proposée à 85% d'hommes et celle de responsable de structure informatique à 68% d'hommes", poursuit-elle.
Des résultats qui montrent des "biais sexistes des systèmes automatisés de Facebook"
Global Witness a réalisé une campagne similaire en mars et avril au Royaume-Uni, en Irlande, Inde, Pays-Bas, France, Afrique du Sud, indique l'ONG sur son site internet. "Ces résultats, qui révèlent comment Facebook diffuse des annonces d'offres d'emploi de manière massive à un genre plutôt qu'à un autre, ont été relevés dans presque toutes les annonces et dans tous les pays où nous les avons publiés", commente Global Witness.
Les résultats des tests montrent les "biais sexistes des systèmes automatisés de Facebook dans le ciblage des audiences", dénonce la Fondation des Femmes. Ils "placent le recruteur de bonne foi dans une position d'illégalité" en ne permettant pas "l'égal accès des hommes et des femmes à l'emploi".
Ils "perpétuent des stéréotypes sexistes": aux femmes les métiers du soin à la personne, pour les hommes les postes à responsabilité. Ils écartent de fait les femmes "d'opportunités d'emplois mieux rémunérées", selon le communiqué.
Facebook se défend
Les trois associations ont également saisi la Cnil pour "manquement potentiel avec le règlement général sur la protection des données (RGPD)" et avec la loi informatique et libertés car elles estiment que le traitement des données par les algorithmes est "opaque et illicite" et "crée des discriminations en raison du sexe".
"Nous n'autorisons pas les annonceurs à cibler (les) publicités (pour des emplois...) en fonction du sexe. Nous continuons à travailler avec des parties prenantes et des experts du monde universitaire, des groupes de défense des droits de l'homme et d'autres disciplines sur les meilleures façons d'étudier et d'aborder l'équité algorithmique", a réagi un porte-parole du Meta, maison mère de Facebook, sollicité par l'AFP.
Précisant que le genre n’est pas le seul critère pris en compte par ses algorithmes, Meta ajoute que "les publicités sont présentées aux personnes en fonction de divers facteurs et tiennent compte des comportements sur et en dehors de nos technologies".