Deux ans après une enquête sur les violences sexuelles dans le sport qui avait fait beaucoup de bruit, le journal L'Equipe s'attaque cette fois-ci au bizutage. Une pratique physique et psychologique interdite en France depuis 1928, mais qui reste profondément ancrée dans le sport. Or, le bizutage peut avoir des conséquences dévastatrices et indélébiles sur les individus et les carrières selon l'enquête.
Le nageur Alain Bernard témoigne de son bizutage
Le journaliste Jean-Christophe Collin explique la nécessité de cette enquête dans le milieu du sport. "Je ne voyais pas trop le problème du bizutage. J'avais un avis presque positif sur le bizutage, je pensais que cela avait une fonction essentielle dans le sport, notamment dans les sports collectifs, pour souder un équipe, que c'était un rite initiatique nécessaire et plutôt jovial", reconnaît-il. "Et finalement, j'ai découvert le revers de la médaille : j'ai découvert que le bizutage était un vrai problème dans le sport, beaucoup plus grave que je ne le pensais."
Pour montrer ce "revers de la médaille", le journaliste a construit son enquête suivant quatre chapitres qui explorent notamment les ravages de cette pratique dans le handball. Même s'il précise que tous les sports sont concernés à différents niveaux. Le reportage donne également la parole aux jeunes victimes, toutes anonymisées. Toutes craignent des représailles ou une exclusion du groupe. L'enquête est également nourrie de témoignages de sportifs comme Alain Bernard qui a été victime de certaines pratiques criminelles.
Le risque de "valeur ajoutée traumatique"
Jean-Christophe Collin précise au micro d'Europe 1 ce qui l'a le plus frappé dans cette enquête. "J'ai découvert qu'un geste anodin pouvait avoir des conséquences terribles, parce qu'on ne connaît pas toujours les personnes avec qui on partage un vestiaire", explique-t-il. "Faire subir cette humiliation à quelqu'un peut s'ajouter à un traumatisme existant. C'est ce que les spécialistes appellent la 'valeur traumatique ajoutée'. C'est-à-dire que cette petite humiliation va venir déclencher des traumatismes beaucoup plus profonds."
Le journaliste espère que cette enquête ouvrira les yeux du monde du sport. "L'idée est de taper un peu du point sur la table", tranche-t-il. "Le bizutage est une vraie problématique, qui est encore trop présente dans le sport, et même à très haut niveau. A travers cette enquête, l'idée est de dire qu'il faut que ça cesse. La société évolue, et il y a des pratiques qui ne sont plus acceptables en 2022."
L'enquête de L'Equipe "Bizutage, enquête sur le fléau du sport" est à retrouver mardi dans le journal L'Equipe. Elle sera disponible dès lundi soir sur le site L'Équipe Explore.