La ministre de la Culture Audrey Azoulay a appelé mercredi la direction d'iTÉLÉ à tenir ses "engagements" d'une indépendance de la rédaction, au 24e jour de grève, la plus longue de l'histoire de l'audiovisuel privé.
Des garanties nécessaires."Des engagements ont été pris devant nous pour que soient données aux rédactions les garanties nécessaires à leur fonctionnement indépendant de l'intérêt des actionnaires. [...] Il faut maintenant que ces engagements soient tenus", a déclaré la ministre devant la presse, dans les couloirs de l'Assemblée. Elle a jugé que "jouer la montre, jouer l'épuisement qui commence à être réel de la part des équipes serait irresponsable".
L'indépendance des médias. "J'attends dans les jours qui viennent, très prochainement, que la direction fasse ces gestes", a insisté Audrey Azoulay. Son entourage a précisé ensuite que l'engagement avait été pris en fin de semaine dernière de séparer les responsabilités de directeur général et de directeur de la rédaction de la chaîne. "Garantir l'indépendance des rédactions", c'est "l'objet d'une proposition de loi adoptée le mois dernier" à l'initiative des socialistes et "il s'agit simplement d'anticiper cette loi" sur la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias, a expliqué la ministre.
Vers une médiation sociale. Lors de la séance des questions au gouvernement, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a indiqué de son côté que le gouvernement souhaitait rencontrer la direction d'iTÉLÉ "le plus rapidement possible" pour "évoquer à la fois la situation de l'entreprise mais également les perspectives d'une médiation sociale". La ministre du Travail a déjà reçu lundi les syndicats d'iTÉLÉ, qui réclament une telle médiation.
Un risque de "Trumpisation" de l'information. Dans sa réponse au président de la commission des Affaires culturelles Patrick Bloche (PS), elle a ajouté qu'une "inspectrice du travail s'est rendue, dès le 24 octobre dernier, sur place et elle y a détecté une situation préoccupante en matière de conditions de travail" dans la chaîne dont Vincent Bolloré est le principal actionnaire. Par ailleurs, interrogée par la presse, Audrey Azoulay est revenue sur son expression fin octobre d'un risque de "Trumpisation" de l'information, redoutée, selon elle, par la rédaction d'iTÉLÉ.
"Ce que veulent les journalistes, c'est bien faire la limite entre ce qui est de l'information et ce qui ne relève pas de l'information, c'est ne pas mélanger l'information avec les intérêts d'un actionnaire, avec le sensationnalisme", a déclaré la ministre dans le sillage de l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.