Les directeurs et rédacteurs en chef de huit grands médias européens ont réclamé jeudi à la Commission européenne l'ouverture d'une "enquête indépendante" sur l'assassinat à Malte de la journaliste et blogueuse anti-corruption Daphne Caruana Galizia. Dans une lettre ouverte adressée au vice-président de la Commission, des responsables du Monde, du Guardian, de la BBC, du New York Times, de la Süddeutsche Zeitung, du Financial Times, d'El Pais et de La Repubblica estiment que le "meurtre scandaleux" de cette journaliste d'investigation "rappelle brutalement les dangers que les journalistes professionnels et les citoyens courent en permanence quand ils s'emploient à mettre au jour la corruption".
"Ne pas laisser ses assassins étouffer son enquête". "Il ne faut pas laisser les assassins de Daphne parvenir à étouffer son enquête sur la corruption au sein des plus hautes sphères à Malte", affirment les signataires, qui soulignent que la Commission elle-même avait critiqué l'emprise sans équivalent au sein de l'UE des partis politiques locaux sur les médias maltais. Ils invitent donc les commissaires européens "à user de tous les pouvoirs dont (ils) dispose(nt) pour veiller à ce que la mort de Daphne donne lieu à une enquête complète et pour envoyer un clair signal de soutien aux journalistes qui œuvrent pour l'intérêt général, à Malte et dans le reste du monde".
Une "enquête approfondie". Le vice-président de la Commission avait assuré fin octobre lors d'un débat au Parlement européen à Strasbourg que pour la Commission européenne, la "priorité" était qu'une enquête "indépendante et approfondie" permette de traduire en justice les responsables de ce meurtre. Daphne Caruana Galizia, journaliste de 53 ans, souvent qualifiée de "Wikileaks à elle toute seule", avait révélé plusieurs scandales à Malte, s'attaquant avec virulence à des proches du Premier ministre travailliste Joseph Muscat mais aussi plus récemment au chef de l'opposition nationaliste. Elle a été tuée le 16 octobre par une bombe placée sous sa voiture.