En 2005, dix ans avant les attentats contre Charlie Hebdo, Karim Baouz, journaliste, fait la rencontre de Saïd Kouachi sur un tournage de "pièces à convictions". Le futur terroriste a alors une vingtaine d'années, et le journaliste ne détecte aucune radicalité chez lui à ce moment. Pour comprendre et trouver les moyens d'agir, notre invité a mené une enquête sur la fabrique djihadiste qu'il présente dans le "Grand Direct de l'Actu".
Sa rencontre avec les frères Kouachi, "petites frappes". Il a fait la rencontre de Saïd Kouachi en 2005. "Dix ans avant les attentats, j'ai fait un reportage pour l'émission 'Pièces à conviction' sur les filières du 19e arrondissement et c'est dans ce cadre que je rencontre Saïd Kouachi. Son frère a été déféré dans la filière des Buttes Chaumont", se souvient le journaliste. A cette époque "les frères Kouachi sont des petites frappes", qui vivent dans des conditions déplorables, avec "des matelas à même le sol". "En 2005, je ne sens pas chez lui une radicalisation, je sens chez lui un sentiment de non appartenance à la communauté nationale" insiste-t-il.
"Beaucoup de problèmes derrière le mot djihad". Outre ce "sentiment" et d'absences de repères, "il y a beaucoup de problèmes derrière le mot djihad" explique Karim Baouz. "Suite à son incarcération on voit une transformation, et c'est pour ça que j'écris ce livre", confie-t-il. La fabrique des djihadistes se fait en prison, ou à la mosquée. Pour son enquête, le journaliste suit notamment un jeune homme qui souhaite rejoindre la Syrie dans une mosquée au sud de Paris. "Cette jeunesse en perte de repère qui cherche l'assentiment d'un chef spirituel me désole. Il faut leur dire que c'est une voie sans issue", dit celui qui découvre alors l'univers quotidien d'un djihadiste français. "Il faut que tous ensemble on essaye d'apporter des réponses. J'entends jamais de jeunes dire que la France est un pays formidable. Il faut être fier d'être français...", conclut-il.