C’est un sujet pourtant d'actualité dont on parle peu : les sortants de prison. Autour de l’année 2015, il y a eu de nombreuses condamnations, notamment pour association de malfaiteurs terroristes. Avec des peines de prison de six, sept ou huit ans de prison. C’est donc en ce moment qu’il y a de nombreuses sorties de prisons : 150 libérés ces deux dernières années. Et on en comptera une centaine rien que pour l’année 2022. La Croix Hebdo a donc voulu s'intéresser au défi sécuritaire que ces sortants de prison représentent.
"Un sujet décisif"
"Ce qui est assez cornélien, vu la gravité des actes pour lesquels ils sont poursuivis et la gravité de leur engagement violent et radical, est de savoir comment on peut s'assurer que ces gens ne récidivent pas, sans pour autant empêcher leur réinsertion. La France n'a pas opté pour un Guantánamo à la française, ces personnes seront un jour ou l'autre libérées, sauf pour les cas très spécifiques comme celui de Salah Abdeslam. La question de savoir comment se passe ensuite leur surveillance, leur réinsertion. C'est un sujet décisif", explique au micro d'Europe 1 Marie Boëton, co-auteure du dossier.
Le directeur de l’administration pénitentiaire souligne d’ailleurs qu’il y a aujourd’hui plus de sortants terroristes que d’entrants. Preuve que le défi est bien là. Comment garder une surveillance tout en acceptant que ces sortants ont purgé leur peine ? Comment ne pas créer davantage de ressentiment chez eux, avec toutes les contraintes de surveillance imposées ? Ressentiment qui pourrait ensuite se retourner contre la société… Marie Boëton et Marianne Meunier ont interviewé une grande diversité d’acteurs de ce défi : juges, parquet national antiterroriste, procureur, avocats, des principaux concernés aussi : trois anciens détenus.
Le rôle des agents du renseignement français
Et elles ont également interrogé des agents du renseignement français. La Croix Hebdo dévoile d’ailleurs les pratiques du renseignement pénitentiaire. "En prison, il y a 300 agents du renseignement, ce qui est très récent. Ce sont 300 personnes qui, même aux yeux de leurs collègues et de leurs familles, passent pour des surveillants lambdas. En fait, ils n'ont qu'une vocation : sonoriser les cellules, faire en sorte que les détenus qu'ils veulent suivre aient un téléphone entre les mains pour pouvoir intercepter leurs communications", ajoute Marie Boëton, co-auteure avec Marianne Meunier de cette enquête : "Terroristes : la prison et après ?". À retrouver dans La Croix Hebdo, déjà en kiosques.