Radio France a déposé sa plainte contre Jean-Luc Mélenchon mercredi, a annoncé la patronne du groupe Sibyle Veil dans un courrier envoyé aux salariés, expliquant que "dénigrer, discréditer, jeter le doute sur le professionnalisme" des journalistes n'était "pas acceptable". "Après l'annonce samedi d'un dépôt de plainte contre monsieur Jean-Luc Mélenchon, je vous informe que la procédure judiciaire a été engagée aujourd'hui, au nom de Radio France, à raison des propos tenus contre nos journalistes à l'occasion de l'enquête relative aux comptes de campagne", écrit la dirigeante, qualifiant cette plainte d'"action exceptionnelle".
"On ne transige pas avec la liberté éditoriale". "Il n'est nullement question d'entrer dans le jeu de la surenchère. (...) J'ai pris cette décision car l'enjeu est important : on ne transige pas avec la liberté éditoriale de nos rédactions, pas davantage qu'avec la crédibilité de leur travail et l'intégrité des personnes", poursuit-elle. "Dénigrer, discréditer, jeter le doute sur le professionnalisme de nos journalistes n'est pas acceptable car cela porte atteinte à l'existence même de nos médias au sein de la démocratie", estime-t-elle. Radio France n'a pas précisé l'objet exact de la plainte ni la juridiction devant laquelle elle avait été déposée.
Condamnation unanime des médias. Après une enquête de franceinfo sur des soupçons de surfacturation lors de la campagne présidentielle 2017, le leader de La France insoumise s'en est pris, dans un message vidéo sur les réseaux sociaux, aux journalistes de la radio, les traitant d'"abrutis", "menteurs et tricheurs", suscitant de nombreuses réactions. Une vingtaine de rédactions, des syndicats, l'Alliance de la presse d'information générale (qui regroupe 305 journaux) ou encore Reporters sans frontières ont ainsi condamné ses propos. Le syndicat FO de Radio France a également annoncé son intention de porter plainte. Mercredi à Strasbourg, lors d'une rencontre tendue avec la presse, Jean-Luc Mélenchon a persisté : "Je ne débattrai avec aucun d'entre vous car vous êtes malveillants et des faussaires", a-t-il lancé à une journaliste de Radio France.