Connaissez-vous l’ASMR ? Sous le nom à rallonge de "réponse automatique sensorielle méridienne", se cache une pratique de méditation sensorielle toute simple, de plus en plus populaire sur internet. Des dizaines de millions de vidéos sur Youtube explorent ce phénomène, suite de chuchotis, de frottements, de grattages, et autres petits bruits. La journaliste Ariane Nicolas a découvert cette pratique il y a trois ans et, devenue elle-même adepte, y consacre un article intitulé, "ASMR-Ouïr sans entraves", dans Psychologie Magazine. Elle était jeudi l'invitée de Philippe Vandel dans Culture-Médias.
"Un frisson le long de la colonne vertébrale"
"Quand j'ai découvert l'ASMR, je trouvais ça bizarre, je me moquais un peu. Et puis je me suis aperçue que c'est en fait beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraît", raconte Ariane Nicolas. Chez certaines personnes, l'écoute de ces bruissements pendant un certain temps (les vidéos durent parfois jusqu'à trois heures), suscite des sensations physiques, une impression de bien être, ou un sentiment de relaxation. Interrogée dans l'article d'Ariane Nicolas, une adepte évoque "un frisson qui parcourt la nuque, qui descend le long de la colonne vertébrale, va parfois jusqu'aux reins".
"Un substitut à la thérapie"
Les effets de l'ASMR sont souvent différentes d'une personne à l'autre. "Moi, j'en ai écouté pour me concentrer, me relaxer. Pour beaucoup de gens, c'est aussi une forme de présence, une méditation qui ne demande pas d'effort", explique la journaliste. Pour certains, ajoute-elle, c'est même devenu "vital".
"Un substitut à la thérapie, gratuit, qui arrive à combler certaines attente." Des observateurs évoquent une sorte d'"orgasme du cerveau". Une expression à prendre avec des pincettes, nuance Ariane Nicolas. "La relaxation, le bien être, c'est différent du plaisir sexuel."
Incompréhension et moqueries
Et puis il y a les réfractaires. D'un côté, ceux qui trouvent tout simplement ces bruits irritants. Il faut dire que certaines vidéos compilent par exemple des sons de mastication à plein volume, ou de clavier d'ordinateur sur lequel on tape sans interruption. Reste que ces bruits peuvent être "très relaxants pour des personnes, même si dans la vie quotidienne, ça leur tape sur le système". Il y a aussi ceux qui se moquent. Aux Etats-Unis, la présentatrice Helen de Generes, en a fait un sujet de sketch. En France, l'actrice Anna Mouglalis s'en gausse dans une vidéo pour Télérama. Des critiques inévitables, selon Ariane Nicolas. "Sur internet, dès que quelqu'un dit aimer quelque chose, une armée de troll débarque pour lui expliquer que jamais il n'aurait dû avoir cette pensée..."