Après Catharsis, Luz va sortir Indélébiles. Le dessinateur, survivant de la tuerie de Charlie Hebdo, va revenir sur ses plus de 20 ans passés à la rédaction de l'hebdomadaire dans un album intitulé Indélébiles à paraître le 2 novembre, a-t-on appris lundi auprès de son éditeur Futuropolis.
C'est la première fois que le dessinateur, âgé de 46 ans et contraint de vivre sous haute protection policière depuis l'attentat du 7 janvier 2015, évoque ouvertement son travail et sa vie à Charlie Hebdo dont il fut l'un des piliers. Peu après la tuerie, il avait publié Catharsis un album "post-traumatique" écrit "pour s'en sortir", expliquait alors Luz. Catharsis, c'était l'histoire des cauchemars, des angoisses, de la paranoïa d'un homme brisé.
"Luz est gentil, comme à la télé". "Un jour le dessin m'a quitté, le même jour qu'une poignée d'amis chers. À la seule différence qu'il est revenu, lui. Petit à petit. A la fois plus sombre et plus léger", écrivait Luz en ouverture de cet album funèbre. "Indélébiles" c'est le côté lumineux de cette histoire. En 1992, Luz, jeune provincial âgé d'à peine 20 ans, "monte" à Paris pour présenter ses dessins à différentes rédactions. Dès les premières pages de l'album on retrouve le Luz qui faisait rire les lecteurs de Charlie Hebdo. On voit un jeune homme pas sûr de lui et paumé à Paris jusqu'à sa rencontre avec Cabu qui le fera entrer à La grosse Bertha, l'ancêtre de Charlie Hebdo.
Il y a une planche hilarante où Luz se représente appelant ses parents d'une cabine téléphonique (nous sommes en 1992) pour leur annoncer qu'il a "rencontré Cabu". "Oui, oui, explique Luz à sa mère, il est très gentil... Comme à la télé… Non je n'ai pas vu Dorothée...". Dans une planche en couleurs, le Luz d'aujourd'hui se remémore cette époque. "Je ne savais pas vers quelle aventure toutes ces étoiles allaient m'embarquer, mais j'étais au moins certain d'une chose… J'avais pas fini de limer des gommes ! Des kilos et des kilos de chiures de gommes."
L'autodérision comme arme. Pour cacher son émotion, Luz le sensible manie l'autodérision. On sourit et on a la gorge serrée quand apparaissent sous son pinceau, avec Gébé et Catherine Meurisse, ses amis morts : Charb, Tignous et Cabu. Luz égrène ses souvenirs, la vie de la rédaction, les bouclages épiques, les conseils des "anciens" (comment apprendre à dessiner discrètement dans sa poche!) et ses différents reportages pour le journal dont sa tournée dans la Bosnie en guerre avec le chanteur Renaud. Mais l'essentiel est ailleurs. En fait, c'est le Charlie Hebdo inconnu que Luz présente. "Tout ce que vous connaissez ou croyez connaître de Charlie Hebdo ne se trouve pas dans ce livre", prévient Luz.