Il y a une semaine à peine, il était condamné à 10.000 euros d'amende pour injure et incitation à la haine, pour des propos tenus en septembre 2019 sur l'islam et l'immigration. Cela ne semble pas avoir fait changer Eric Zemmour pour autant, à en croire les propos tenus mardi dans l'émission Face à l'info sur CNews. "Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont. Il faut les renvoyer, il ne faut même pas qu'ils viennent", s'est-il exclamé au sujet des mineurs isolés. SOS Racisme a saisi le CSA jeudi et porté plainte contre l’éditorialiste. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste". Eric Zemmour a, pour sa part, tenté de nuancer ses propos, tout en maintenant son idée sur le fond.
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"Un déversoir de haine" pour le garde des Sceaux
Plusieurs membres du gouvernement ont condamné ses propos, notamment Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes. Le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti, invité de C à vous ce jeudi soir, n’a également pas mâché ses mots. "C'est un multi-récidiviste de la haine et du racisme", a-t-il qualifié Éric Zemmour, rappelant qu'il n'en est pas à sa première condamnation. "Lui qui parle souvent de récidive n'a pas entendu le message judiciaire."
Le garde des Sceaux a ensuite expliqué que le discours d'Éric Zemmour ne s'intégrait selon lui pas à la mission d'un journaliste. "Je suis indigné que l'on puisse exprimer cela", a martelé le ministre. "Pour moi, un journaliste s'exprime en toute indépendance. Il peut commettre des fautes déontologiques, il évoque le débat public. Mais il ne fait pas ça. C'est un déversoir de haine."
Réactions mesurées chez CNEWS et au Figaro
La Société des rédacteurs de CNEWS, où le journaliste a tendu ce discours, s'est fendu d'un communiqué dans lequel elle se désolidarise. "Nous condamnons avec la plus grande fermeté les propos tenus", indiquent en effet les journalistes. Mais, après deux ou trois lignes sur les propos incriminés, le reste du communiqué ne remet pas en question la présence d’Eric Zemmour à l’antenne, et consiste à défendre la qualité du travail des journalistes et à demander aux téléspectateurs de ne pas boycotter la chaîne. Jointe par Europe 1, la direction n'a pas souhaité s'exprimer.
Le son de cloche est similaire du côté du Figaro. Les journalistes soulignent que les propos tenus sont contraires à la Charte de déontologie signée par tous les collaborateurs. Ils regrettent que le précédent rappel à l’ordre de la direction n’ait pas été entendu. Et exigent un nouveau rappel à l’ordre.
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CNEWS responsable, selon les critères du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel
Saisi mardi, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a indiqué qu’une instruction était en cours et qu’il n’y aurait donc aucun commentaire. Mais Face à l'info n’est plus diffusé en direct, et la chaîne qui monte l'émission avant diffusion est considéré comme responsable des propos tenus. Leur diffusion fait en effet office de validation selon les critères du CSA, ce qui n’est pas le cas de propos tenus en direct.
Ce jeudi soir, Christine Kelly, présentatrice de Face à l'info, a évoqué le sujet au tout début de l’émission. Un autre extrait du tournage de mardi a été diffusé, où Eric Zemmour revient sur les propos incriminés. "Tous les mineurs isolés ne sont pas de voleurs et des violeurs", nuance-t-il. "Mais la responsabilité de la France et du gouvernement, c'est de ne pas prendre le risque". De retour en plateau jeudi, Eric Zemmour en a ajouté une couche. Selon lui, "il faut virer tous les migrants isolés, parce qu’on ne peut pas savoir lesquels sont violeurs, voleurs ou assassins".