Info n°1 : Elle a survécu au camp d’Auschwitz
Simone Veil grandit dans une famille juive non pratiquante. Chez les Jacob, pas de rites religieux ou de livres de prières ; l'unique religion qui vaille, c'est l'humanisme. Sous l’Occupation en 1940, le régime de Vichy fait passer une série de lois discriminatoires qui placent les Juifs en marge de la société. Après ces premières mesures de répression, les Nazis lancent en 1943 une "chasse aux Juifs", et le 30 mars 1944, les membres de la famille Jacob se font arrêter par la Gestapo, la police politique nazie. Tandis que les hommes sont déportés dans un camp de travail, Simone, sa sœur et sa mère sont embarquées direction Auschwitz-Birkenau. Simone Jacob n’a alors que 16 ans, mais elle ment sur son âge pour échapper aux fours crématoires qui attendent les plus jeunes dès leur arrivée dans les camps. Elle va tout de même subir le travail forcé destiné à l’épuisement, le manque de nourriture, les coups et les humiliations. Jusqu’au jour où une gardienne de camp polonaise les envoie elle, sa mère et sa sœur au camp de Bobrek pour avoir plus de chances de s’en sortir vivantes. Seule Simone Veil et sa sœur en reviendront.
>> Découvrez-en plus sur son expérience des camps de la mort avec l’épisode 1
Info n°2 : Elle a travaillé à la direction de l’Administration pénitentiaire
De retour en France après la libération des camps, Simone Veil obtient sa licence de droit et passe le concours de la magistrature, qui vient tout juste d’être ouvert aux femmes. Elle se retrouve attachée à l’Administration pénitentiaire, en charge des sujets jugés "féminins" par ses collègues : la libération conditionnelle, l'aide à la réadaptation et à l'éducation ainsi que les soins aux détenus. Pour cette femme qui a connu les camps, les prisons françaises surpeuplées et sales sont un choc. Simone Veil est révoltée par les mauvais traitements subis par les femmes en particulier, qui sont martyrisées. A la fin des années 1950, la magistrate plaide aussi en faveur de l’amélioration du quotidien des Algériens, que l’Etat français considère comme des terroristes et punit par des tortures atroces. A compter des années 1960, on lui propose ensuite de travailler sur une réforme du droit de l’adoption. Elle s’entoure alors de juristes, de psychologues et d'enfants adoptés devenus adultes, une méthode de travail pluridisciplinaire novatrice. Première femme à être nommée secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature en 1970, elle se lance dans un ultime combat pour un accès plus égalitaire à l’emploi.
>> Découvrez-en plus sur ses combats de magistrate avec l’épisode 2
Info n°3 : Elle a été ministre de la Santé, avec le droit à l’IVG pour combat
En 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu Président de la République. Mai 1968 a été un tournant dans la lutte pour l’émancipation des femmes, et le nouveau président a pour volonté de moderniser la société française. Il nomme alors cinq femmes dans son gouvernement, parmi lesquelles Simone Veil, qui devient la deuxième femme de l’Histoire à accéder à la fonction de ministre. Et en tant que ministre de la Santé, Simone Veil doit porter le projet de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. L’IVG, alors considérée par une grande partie de l’opinion et de la classe politique comme un infanticide, est condamnée par la loi en France, sauf dans le cas d’un viol, d’un inceste, d’une grave malformation du fœtus ou d’un danger pour la santé de la mère. Les femmes sont contraintes de voyager jusqu’en Suisse ou en Angleterre pour se faire avorter, à moins de subir une intervention dans la clandestinité, dans des endroits insalubres où les risques d’infection, de stérilité et de mort sont très élevés. Le 26 novembre 1974, Simone Veil présente donc son projet de loi devant une Assemblée nationale composée de 480 hommes et 9 femmes. Son discours historique est suivi par un débat intense de pas moins de 25 heures, à l’issue duquel la "loi Simone Veil" est adoptée.
>> Découvrez-en plus sur sa carrière de ministre de la Santé avec l’épisode 3
Info n°4 : Elle a été la première présidente du Parlement européen
A 52 ans, le parcours et les engagements de Simone Veil font d’elle la candidate idéale pour conduire la liste de l’UDF, le parti du centre-droit de l’époque, aux élections européennes. Sa jeunesse brisée par la Shoah durant la Seconde guerre mondiale justifie son engagement pour une Europe unifiée. Le président français Valéry Giscard d’Estaing et le chancelier allemand Helmut Schmidt voient dans la figure de cette femme née dans une famille juive, française et rescapée des camps le nouveau visage de l’amitié franco-allemande. Simone Veil est élue présidente du Parlement européen. Elle est la première femme à accéder à cette fonction. Dans son premier discours en tant que présidente, Simone Veil parle de sa volonté d’œuvrer pour la paix, pour la liberté et pour le bien-être des Européens. Elle crée notamment au sein du Parlement européen une commission du droit des femmes, dont les principaux chevaux de bataille sont l’égalité salariale et la promotion des femmes dans la politique.
>> Découvrez-en plus sur la construction de l’Europe avec l’épisode 4
"Simone Veil, son combat pour la justice" est une mini-série spéciale de 4 épisodes tirée du podcast "Au cœur de l’Histoire" présenté par l’historienne Virginie Girod et produit par Europe 1 Studio. Un récit historique en 4 parties chronologiques disponible sur toutes les plateformes d’écoute !
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