La tendance se confirme. Le nombre de journalistes a continué à reculer l'an dernier en France, mais à un rythme moins élevé qu'auparavant, et les plans sociaux se font plus rares dans les médias hexagonaux, montre une étude présentée jeudi aux Assises du journalisme à Tours. Selon le "baromètre social" du journalisme réalisé chaque année par le sociologue et spécialiste des médias Jean-Marie Charon, le nombre de titulaires d'une carte de presse a reculé de 191 en 2017, avec 35.047 cartes délivrées par la CCIJP, l'instance professionnelle qui les émet. Cela représente un recul de 2.260 personnes depuis 2009, soit une chute de 6,05% sur cette période, note l'étude qui souligne que "le recul de l'emploi de journalistes encartés est donc substantiel, même s'il peut paraître modeste au regard de chiffres nord-américains, voire espagnols, de l'ordre de 30%".
Plans sociaux. L'étude note en outre que les "événements" comme les restructurations, plans sociaux ou disparitions de titres "sont un peu moins nombreux et moins massifs" que les années précédentes dans le secteur des médias, un phénomène "particulièrement frappant pour la presse quotidienne nationale, où il n'y a plus de gros plans de départs". Dans la presse locale, l'étude relève tout de même des destructions de postes à la Voix du Nord et à la Marseillaise. Les magazines semblent quant à eux rattrapés par les difficultés qu'ont déjà connues les quotidiens nationaux, selon l'étude qui cite notamment des plans de départs chez Mondadori, à l'Obs et à Marianne.
Précarisation. Si la baisse du nombre de journalistes a nettement ralenti (en 2016, le nombre de détenteurs de la carte de presse avait chuté de 690), la profession continue en revanche de se précariser, la part des pigistes et des chômeurs ayant grimpé de 22,7% à 26,2% depuis 2006. Le journalisme poursuit par ailleurs sa féminisation : 46,88% des titulaires de la carte de presse l'an dernier étaient des femmes, contre 42,9% en 2006. L'étude confirme en outre "une surreprésentation des femmes parmi les entrants" dans la profession (53%), "mais aussi dans la catégorie pigistes", alors qu'à l'autre bout de l'échelle, on ne compte que 19% de femmes parmi les titulaires d'une carte de presse dans la catégorie "directeurs". Des chiffres qui font écho aux mouvements nés ces derniers mois dans différentes rédactions françaises, nationales ou régionales, pour réclamer notamment des nominations de femmes à des postes à responsabilité.