C'est une programmation qui a fait couler beaucoup d'encre. Le quart de finale de Roland-Garros entre Rafael Nadal et Novak Djokovic, une affiche mythique qualifiée de "finale avant l'heure", a été diffusé en exclusivité sur la plateforme privée Amazon Prime Video mardi soir lors d'une night session qui s'est conclue à 1h30 du matin. Cette programmation a déclenché la colère de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, puisque le groupe public n'a pas pu retransmettre ce match. Invités de Culture médias, le journaliste Thibault Le Rol et la consultante d'Amazon Prime Video Marion Bartoli ont répondu à la polémique.
Équité sportive et promotion des night sessions
"Effectivement, ça a fait énormément de bruit. Après, j'en suis un peu surpris", reconnait d'abord Thibault Le Rol, qui officie sur la plateforme depuis son lancement. "Plusieurs arguments entrent en compte", se défend le journaliste. "Il y a d'abord l'équité sportive. Pour que l'équité soit respectée, il fallait que Rafael Nadal et Novak Djokovic jouent le soir pour que Carlos Alcaraz ne rejoue pas le soir", avance-t-il au micro de Philippe Vandel.
Deuxième argument : "Roland-Garros développe ces fameuses night sessions, en nocturne. Pour développer cette idée-là, il fallait avoir un match diffusé en mondovision, un match mythique. Il aurait été étonnant de ne pas mettre ce match-là en night session, le nouveau produit phare de Roland-Garros", ajoute l'ancien journaliste sportif de beIN Sports et Mediapro. Thibault Le Rol rappelle également le geste commercial de la plateforme américaine. "On a fait l'effort de proposer ce match à tous, au plus grand nombre, sans abonnement, sur Amazon. C'est donc beaucoup de bruit, pour pas grand chose à mon avis", conclut-il.
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La couverture de France Télé en question
L'ancienne joueuse de tennis Mario Bartoli, consultante pour Amazon Prime Video, partage l'avis du journaliste sportif. Elle balaye également tout soupçon de conflit d'intérêt d'Amélie Mauresmo, ancienne consultante de la plateforme et qui est aujourd'hui directrice du tournoi, décidant donc de la programmation des matches. "Ça n'a rien à voir. Amazon a signé un contrat, où il est stipulé que le match de soirée serait le plus beau match de la journée", souligne-t-elle dans Culture médias. "Il va falloir m'expliquer ce qu'est un plus beau match que Nadal-Djokovic, donc c'est juste contractuel", relate-t-elle auprès de Philippe Vandel.
La consultante pointe aussi la mauvaise foi du groupe public. "Si France Télévisions veut un autre contrat, ils n'ont qu'à le renégocier", lance-t-elle. "Il est logique que le tournoi respecte ses engagements. Delphine (Ernotte) est très gentille, mais France Télévisions réduit de plus en plus leurs heures de diffusion, les gens se plaignent parce qu'il y a beaucoup de publicité. Les matches sont réduits, ils mettent des plateaux où ils invitent des personnalités qui n'ont rien à voir avec le tennis. Les gens préféreraient continuer à regarder le match", énumère Marion Bartoli, sur un ton agacé, assurant qu'Amazon "avait pris le parti d'être 'focus' sur le tennis, sur le spectacle, sur le match".
"Il était totalement logique que Prime Video ait ce match", conclut la vainqueur de Wimbledon en 2013. Selon des sources spécialisées, la plateforme américaine donnerait plus d'argent au tournoi que ne le fait France Télévisions : 15 millions d'euros au lieu de dix pour le service public.