"Oui, je pense que ça m'a été préjudiciable, dans un certain nombre de cas." Journaliste, écrivain et militant antispéciste, Aymeric Caron est surtout connu du grand public pour ses années On n'est pas couché. De 2012 à 2015, il a endossé le rôle de "sniper" - l'un des deux chroniqueurs chargés d'échanger avec les invités, au côté, à l'époque, de Natacha Polony - dans l'émission de Laurent Ruquier, sur France 2. Invité d'Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, dimanche sur Europe 1, il est revenu sur cette période émaillée de séquences parfois tendues, qui ne lui laisse qu'un seul regret.
"Les choses que j'ai dites, beaucoup de gens les pensaient"
"Je ne jouais pas de rôle", affirme Aymeric Caron lorsqu'on l'interroge sur ses échanges musclés avec certains invités. "Pendant la première année au moins, j'ai voulu vraiment prouver que j'avais ma place, que je savais titiller les invités", reconnaît-il toutefois. "Comme j'avais décidé de faire ce métier sans sans tricher, peut être que par moments, j'ai oublié de mettre certains filtres. Mais en réalité, les choses que j'ai dites, je pense que beaucoup de gens les pensaient devant leur télévision. Ou bien ils n'étaient pas d'accord avec moi, mais ils se seraient exprimés de la même manière."
Une "franchise" que l'on a "pas l'habitude de voir en télévision" et "qui a pu étonner", reconnaît le journaliste, estimant toutefois qu'"en réalité, quand on fait la liste de toutes les émissions que j'ai pu enregistrer pendant trois ans, il y a eu très peu de 'fights', de clashs". Ses échanges avec Véronique Genest, Bernard-Henri Lévy ou Tristane Banon, en 2013, avaient notamment fait couler beaucoup d'encre.
"Quand on est intervieweur, il y a des choses qu'on va s'interdire de dire", estime encore Aymeric Caron. "Parce qu'on se dit : 'Là, attention, si je vais un peu trop loin, je ne voudrais pas me froisser avec cette personne parce que ça pourrait être préjudiciable pour la suite de ma carrière...' Je ne me posais jamais cette question."
"J'avais ce sentiment que je l'avais blessée"
Au micro d'Europe 1, l'ex-chroniqueur exprime toutefois un regret, celui de la tournure qu'a pris son interview de l'écrivaine Amanda Sthers, toujours en 2013. "C'était très juste ce que je disais, c'est-à-dire que je n'avais pas vraiment aimé son livre (Les Érections Américaines, aux éditions Flammarion, ndlr)", commence-t-il. "Je ne jouais pas, je ne mentais pas."
"En revanche, j'ai trouvé après coup, en rentrant chez moi, que la manière dont je l'avais exprimé était trop violente", analyse Aymeric Caron. "On était à peu près au début de la deuxième saison et je me suis dit : 'Il y a un petit souci parce qu'en fait, quand bien même objectivement, tu essaies d'être honnête et de dire que le livre ne t'a pas vraiment emballé, tu peux le dire un peu autrement.' Parce que là, j'avais ce sentiment que je l'avais blessée, et je n'ai jamais voulu blesser les gens."
"En plus, je faisais un vrai distinguo entre les artistes et les politiques", ajoute le journaliste. "Les politiques, je considère qu'ils ont le cuir bien solide, qu'ils le cherchent parfois et qu'ils manquent vraiment d'honnêteté pour une partie d'entre eux. Donc, il ne faut pas hésiter, en tant que journaliste, à y aller à fond. Un artiste, c'est complètement différent." Pour autant, Aymeric Caron n'a jamais appelé Amanda Sthers pour s'excuser. "Mais elle si elle l'entend, je lui dis que je trouve que j'ai sans doute été trop trop dure dans ma manière d'aborder son livre, ce jour là."