Pas de bras, pas de cinéma ? Au-delà de la référence à la réplique culte d'Intouchables, la question se pose sérieusement : quelle est la place des personnes handicapées dans le monde du cinéma, devant et derrière la caméra ? Cette donc cette formule que le réalisateur Julien Richard Thompson comme titre de son nouveau documentaire, diffusé sur Canal+. De Freaks à Vol au-dessus d'un nid de coucou, en passant par Rain Man, Forest Gump ou La famille Bélier, nombreux sont les films qui mettent en scène des personnes en situation de handicap.
10 ans pour faire naître Intouchables
Mais le chemin de l'inclusivité reste encore long, selon Julien Richard Thompson. "Je suis moi-même en situation de handicap, puisque j'ai un handicap un peu étrange qui s'appelle le syndrome Gilles de la Tourette", confie-t-il au micro d'Europe 1. "Cela m'a d'ailleurs posé beaucoup de soucis dans ma carrière. C'est en partant de ce constat que je me suis engagé dans différentes actions."
"Le cinéma est un regard sur le monde et sur le monde que l'on aimerait construire. Donc le cinéma doit parler de handicap, parce que les personnes handicapées sont très nombreuses en France, environ 12% de la population", rappelle-t-il. "Et elles apparaissent peu sur les écrans, et encore moins dans les équipes de cinéma." Son documentaire tend le micro à des réalisateurs comme Olivier Nakache et Eric Toledano, qui nous racontent la difficulté de mener à bien un long-métrage qui évoque le handicap. Le film Intouchables avec Omar Sy et François Cluzet a par exemple mis 10 ans à être élaboré, faute de producteurs et donc de financements.
Des acteurs handicapés pour les personnages handicapés ?
Ce reportage donne aussi la parole à des comédiens trisomiques, sourds ou de petite taille. En nous expliquant à quel point il est déjà compliqué pour eux de trouver des rôles, certains s'offusquent de voir des acteurs valides jouer des personnages handicapés. "Ça ne me choque pas forcément qu'un acteur ou une actrice valide joue un personnage en situation de handicap", explique Julien Richard Thompson. "Mais il faudrait alors aussi que ce soit parfois dans l'autre sens : que l'on mette des personnages handicapés dans des histoires qui n'ont rien à voir avec le handicap. Et que l'on donne aussi aux acteurs handicapés des personnages valides.
"Quand quelqu'un est assis derrière un bureau ou un guichet, on ne sait pas si la personne est en fauteuil roulant ou non", prend-il en exemple. "Il faut que ça aille dans les deux sens et que les personnes handicapées soient traitées comme les autres. Il faut donc sensibiliser les scénaristes et les réalisateurs."
Le documentaire Pas de bras, pas de cinéma ? est à voir sur la plateforme MyCanal. Il est aussi diffusé mercredi à midi sur Ciné+ Émotions.