Après l'adoption de Nemo, un labrador croisé griffon noir, le début de cette semaine présidentielle a été marqué par une autre arrivée, beaucoup moins consensuelle cette fois : le journaliste Bruno Roger-Petit, 54 ans, a été nommé porte-parole de l'Élysée mardi. Avec un rôle de conseiller bien loin de ceux qu'il exerçait par le passé à France Télévisions où sur les sites de l'Obs et de Challenges, avec lesquels il collaborait. De quoi faire grincer quelques dents, comme celles de Pascale Clark, éditorialiste occasionnelle sur Europe 1.
"Cela fait des mois qu'il défend Emmanuel Macron". "On se demande si Bruno Roger-Petit ne devrait pas avoir un salaire rétroactif, parce que cela fait des mois qu'il défend Emmanuel Macron partout où il passe", s'est-elle agacée mardi dans Hondelatte raconte. Sa proximité supposée avec le leader d'En Marche! avait en effet déjà suscité en mars, durant la campagne présidentielle, la protestation de la Société des journalistes (SDJ) de l'hebdomadaire Challenges qui dénonçait "la fréquence bien plus élevée" des publications "pro-Macron/défavorables à ses adversaires" sur son site internet qui "annihile totalement la tentative de rééquilibrage".
"Ça fait tâche". Le journaliste a même figuré parmi les invités d'Emmanuel Macron à la soirée de La Rotonde, où le candidat et ses proches avaient fêté sa victoire au premier tour, le 23 avril. "Cela pose problème. Il n'est pas censé être un porte-parole de Macron. Ça fait tâche et c'est un premier désastre pour le journalisme", a jugé Pascale Clark.
"Confusion, consanguinité, collusion". La fondatrice du site BoxSons, plateforme de production de podcasts payants, pointe un deuxième "désastre" : les politiques qui deviennent chroniqueurs dans les médias. Parmi eux, Jean-Pierre Raffarin, Henri Guaino, Aurélie Filippetti, Sébastien Pietrasanta ou encore Raquel Garrido. L'insoumise a décidé d'intégrer la bande de Thierry Ardisson sur C8. "Payée par Bolloré, elle ne voit pas le problème. Moi je le vois : confusion, consanguinité, collusion", dénonce encore Pascale Clark. "Chacun à sa place. Ce n'est pas comme si les politiques et les journalistes allaient bien et ne subissaient pas une sérieuse crise de confiance...".
Mais mardi, le contradicteur se nommait… Christophe Hondelatte. "Les journalistes donnent leur avis à tout bout de champ, comme le font les politiques. Cela fait des années que ça dure. (…) Il est donc normal que politiques et journalistes, à un moment, se retrouvent dans le même marigot", a-t-il argumenté. Prochainement, le socialiste Julien Dray s'assiéra d'ailleurs à la place de Pascale Clark. Un choix que Christophe Hondelatte "assume pleinement".