Ils s'appellent Samira, Maëlle, Sophia, Charlotte ou David. Leur vie a basculé le jour où des photos et vidéos très intimes ont été diffusées sur Internet et envoyées à leurs proches. C'est ce que l'on appelle le "revenge porn". Tous ont accepté de raconter cette humiliation publique et ses conséquences dévastatrices dans un documentaire diffusé mercredi soir sur France 2. Marie-Christine Gambart, la réalisatrice et co-auteur de ce documentaire avec Emilie Grall explique à Europe 1 comment elle a obtenu la confiance de ces victimes pour les faire parler (parfois à visage découvert) de ce traumatisme majeur.
Le retard de la justice française face à un phénomène
"La démarche d'Emilie a été de faire appel à des associations. Malheureusement, il en existe peu encore aujourd'hui qui viennent en aide aux victimes de revenge porn, de porno-divulgation", regrette Marie-Christine Gambart. "Elles nous ont orienté vers des avocates, qui nous ont elles-mêmes orienté vers des personnes qu'il a fallu contacter et convaincre de revenir devant une caméra, cette fois pour restaurer une forme de dignité abîmée".
En plus de raconter les ravages causés par ces viols numériques, le film parle du retard de la justice sur ce phénomène croissant. "Il faut que la justice prenne la mesure de la gravité des faits. C'est un acte de destruction massive dans la vie des personnes qui en sont victimes. Des femmes, à 90%", rappelle la réalisatrice. "Il est temps de prendre tout cela en compte, en étant (je l'espère) plus efficaces que ce qui se fait en matière de viol. Quand vous êtes victime de viol, il y a 10% des plaintes qui aboutissent. Donc imaginez le viol numérique. Tout le monde s'en fout ! C'est dramatique."
Ennemi intime est diffusé mercredi soir à 22h50 sur France 2, dans la case "Infrarouge".