"Tout le monde veut la même photo et surtout faire croire qu’il est seul." Dans son émission Faut-il interdire le tourisme ?, diffusée sur TMC mardi à 21 heures, le journaliste Martin Weill décrypte cette nouvelle tendance et interroge sur les conséquences du tourisme de masse. Car la quête de la photographie parfaite peut avoir un impact environnemental et local important.
Des quotas pour sauver les sites
Le journaliste raconte une anecdote au Cambodge, dans un des mythiques temples d'Angkor, le temple Angkor Vat, au lever du jour. "On peut avoir l’impression qu’on est seul puis on tourne la caméra, et on s’aperçoit qu'on est des milliers à s’être levés à 6 heures du matin pour faire la même photo, en évitant la tête des autres." Quitte parfois à oublier le lieu majestueux, certains touristes montent au sommet des temples pour faire leurs photos puis redescendre.
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Dans certaines villes touristiques, des quotas ont été instaurés. À Dubrovnik par exemple, les arrivées sont limitées à 4.000 par jour. Sur le Mont-Blanc, c'est 214 ascensions. Une solution que Martin Weill juge intéressante. "Notre question est provocatrice mais dans notre enquête, nous nous sommes rendus compte qu’il existait des moyens pour réguler le tourisme et le rendre plus durable."
En Thaïlande, la plage de Maya Bay, rendue célèbre par le film La Plage, avec Léonardo DiCaprio, est désormais interdite au public. Les îles Similan sont également soumises à des quotas de touristes. "On s'en amuse dans le reportage car les quotas sont fixés à 3.000 arrivées sur la plage, cela fait quand même pas mal de monde !", raconte le journaliste. "Mais on fait confiance aux experts et au gouvernement qui expliquent que cela permet de ne pas détruire les fonds marins."
Désengorger en s'informant sur les lieux voisins
"On va aller vers plus de régulation, et c’est aussi à nous, touristes, de mieux nous informer, de ne pas forcément aller sur telle plage, parce qu’elle est connue, parce qu’on veut la même photo que tout le monde, mais plutôt sur celles d'à-côté aussi belles". Le site d'Angkor par exemple fourmille d'endroit désert. "Angkor, c’est gigantesque, c’est quatre fois la taille de Paris. Le circuit classique passe par quatre temples, mais à dix minutes à pied vous avez des temples magnifiques et déserts. Si on désengorge ces sites là et si les touristes font l’effort, ce serait bien pour le site."
Les locaux sont aussi confrontés à l'indécence de certains touristes qui adoptent des comportements irrespectueux. Sur les murs ancestraux des temples d'Angkor, certains gravent leurs noms ou un cœur. Et deux touristes ont pris une photo les fesses nues dans un temple en Thaïlande. "C'est un temple sacré, il y a des règles. Cela ne vous viendrait pas à l'idée d'être fesses à l'air dans une église", dénonce le journaliste.
Si le tourisme ne peut être interdit, il peut néanmoins être régulé pour devenir plus durable. "Il faut que tous les acteurs du tourisme s'entendent : les touristes doivent s’informer, les gouvernements doivent réguler, et les agences de voyage doivent aussi arrêter de proposer certains circuits, notamment ceux avec les animaux", juge Martin Weill. "Si on fait n’importe quoi et qu’on fout en l'air tous les sites, dans dix ans ils n’auront plus de boulot."