«C'est une maladie avec laquelle rien n'est jamais gagné» : quand Emilie Dequenne nous racontait son combat contre le cancer

Emilie Dequenne est décédée des suites de son cancer de la glande surrénale ce dimanche 16 mars, à l'hôpital Gustave Roussy de Villejuif. En juin dernier, l'actrice de 43 ans nous avait parlé de son combat contre la maladie alors qu'elle faisait la promotion de son nouveau film "Survivre".
Elle s'était présentée, les cheveux rasés, mais avec le sourire aux lèvres et les yeux pétillants, pleins de vie, défiant le destin. En juin 2024, Emilie Dequenne retrouvait avec plaisir les joies de la promotion de ses projets cinématographiques après un an de lutte acharnée contre son cancer rare de la glande surrénale, et une chimiothérapie éprouvante.
Une envie de vivre à tout prix
Tout juste en rémission, elle avait tenu à assurer les interviews pour défendre Survivre, un film de science-fiction dans lequel son personnage combattait des crabes. Tout un symbole. Face à nous, sa joie et son émotion étaient palpables. "C'est un retour à la vie. Aujourd'hui, ma santé fait que je peux à nouveau faire ce que j'aime et être là avec vous pour défendre ce film. Du mois d'août 2023 à avril 2024, ma vie, c'était la maison et l'hôpital. J'ai tourné Survivre bien avant mon diagnostic", nous confiait-elle, bouleversée. Elle nous expliquait ensuite avec enthousiasme à quel point elle avait adoré jouer le rôle de Julia, une femme "nature" se transformant en Lara Croft quand ses enfants et elle se retrouvaient menacés.
Sa passion pour son métier et le plaisir qu'elle avait à en parler envahissaient la pièce. Si bien qu'on en oubliait sa maladie, cette ombre qui planait pourtant toujours sur elle. "Je suis sous étroite surveillance. Je vois mon médecin quasiment tous les deux mois. C'est une maladie avec laquelle rien n'est jamais gagné", nous expliquait l'actrice avec lucidité. C'est justement parce qu'elle se savait toujours sur un fil fragile, ténu, qu'elle savourait chaque instant, pour ne rien regretter : "J'ai annoncé ma rémission parce que je suis dans une phase où j'ai quitté le parcours médical dur. J'ai un traitement et je suis suivie, ce qui me permet de recommencer à travailler. J'ai des fenêtres de deux mois où je peux faire ce que j'aime. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des moments dans la journée où je ne suis pas fatiguée mais je suis tellement heureuse d'être vivante et de pouvoir jouer la comédie !".
Un regard vif et chaleureux
Quelques jours avant notre rencontre, elle avait monté les marches du Festival de Cannes pour les 25 ans de Rosetta, le film qui l'avait révélée au grand public. Un moment inoubliable. "J'étais heureuse parce que j'étais en état d'y aller. Je n'ai pas beaucoup réfléchi avant d'accepter l'invitation, je me suis dit que ça allait être chouette, qu'on allait me prêter une belle robe et qu'on allait me maquiller. J'allais ajouter 'me coiffer' mais non il n'y a plus rien à coiffer, c'est trop facile maintenant !", nous lançait-elle dans un éclat de rire. On l'avait alors complimentée sur sa nouvelle coupe, qui soulignait la chaleur et l'éclat de son regard. "J'adore aussi !", nous avait-elle répondu, flattée. "Par contre, j'ai pris du poids à cause des traitements... Mais bon, ce n'est pas grave, je m'en fiche ! C'est vraiment un détail, tant que je suis vivante... Pour moi, la plus belle beauté, c'est d'être en transformation".
De l'autre côté du mur, à seulement quelques mètres de nous, se trouvait sa fille unique Milla, 23 ans, qui l'avait maquillée pour l'occasion. Emilie Dequenne se sentait reconnaissante envers elle, soutien indéfectible pendant toute sa lutte contre la maladie. "Mon mari et ma fille ont été très forts, très proches de moi", nous révélait la comédienne, avant d'ajouter, une pointe de tristesse dans la voix : "Les personnes qui me fendent le plus le cœur sont mes parents. Ils ont encore beaucoup de mal à s'en remettre. C'est extrêmement dur de voir son enfant malade, même quand il a presque 43 ans". Des parents aujourd'hui confrontés à un deuil impossible, celui de leur fille adorée, arrachée à eux par cette fichue maladie.