Judith Godrèche continue de se faire entendre. Invitée sur le plateau de C ce soir lundi 12 février sur France 5, l'actrice, qui a déposé plainte pour "viols sur mineur" contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, a dénoncé la "complicité" du monde du cinéma et de la presse française. "Je n'osais pas parler à cause de ça", a martelé Judith Godrèche face à Karim Rissouli et Laure Adler, chroniqueuse de l'émission.
"Vous faisiez partie d'un système qui ne m'a pas aidée"
Cette dernière a directement été visée par l'actrice, qui n'a pas apprécié une de ses interviews en 1995, Le cercle de minuit sur France 2. Judith Godrèche venait alors de publier son roman Point de côté. "J'ai écrit ce roman juste après avoir fui l'appartement dans lequel je vivais avec Benoît Jacquot. Je loue une chambre de bonne et je me mets à écrire (...) Ce roman raconte de façon assez claire l'histoire d'une jeune fille qui quitte un homme avec qui elle est depuis qu'elle a 14 ans, qui s'enfuit et, dans sa fuite, vole un enfant. C'était une métaphore. Cet enfant, c'est elle petite, cette enfance qu'elle n'a jamais vécu", a expliqué Judith Godrèche.
A l'époque, Laure Adler avait terminé son interview en diffusant un extrait de La désenchantée, film avec Judith Godrèche réalisé par Benoît Jacquot. "Le film n'avait rien à voir avec ce que j'ai écrit", s'est indignée l'actrice dans C ce soir. "Au contraire, je m'échappe, je m'enfuis, j'écris et on me dit 'Tu retournes dans la boîte'. Pour moi, il y a quelque chose d'extrêmement patriarcal dans cette phrase-là. 'Toi, tu es jolie, tu as écrit un livre. Bon, on en parle un peu, c'est bien. Mais maintenant, on va montrer un vrai moment de cinéma, quelque chose de magnifique', mot qui n'a pas été employé pour parler de mon roman. Il y a quand même tout un système dont vous faisiez partie à cette époque-là et à cet endroit-là qui ne m'a pas aidée du tout", a-t-elle ensuite asséné.
"J'ai lu votre livre comme une sorte d'adieu"
Laure Adler, prise au dépourvu par les déclarations de Judith Godrèche, ne s'est pas vexée. "D'abord, je voudrais m'excuser si jamais je vous ai offensée. Et manifestement, ce jour-là, je vous ai offensée. Je voudrais donc vraiment vous présenter mes excuses si je vous ai blessée", a-t-elle répété. "Si je vous ai invitée, c'est parce que j'avais beaucoup aimé votre roman. Je m'en souviens encore aujourd'hui", a-t-elle ensuite affirmé, avant de reconnaître : "Je l'ai lu comme une sorte d'adieu à l'enfance, pas comme une confession".
Laure Adler a ensuite expliqué pourquoi elle avait choisi de diffuser un extrait du film de Benoît Jacquot : "Si j'ai mis un extrait de 'La désenchantée', c'est que, pour moi, à l'époque, vous étiez la muse de Benoît Jacquot. Peut-être ai-je mal compris parce que c'était la période. J'avais l'impression qu'il s'agissait de l'histoire d'une jeune femme extrêmement intelligente qui aimait la poésie (...) Et donc, quand je clos cet entretien avec un extrait de La désenchantée, c'est parce que je vous admirais Judith. Donc excusez-moi si j'ai mal fait comprendre ma forme d'admiration", a-t-elle assuré. Confuse, elle a représenté ses excuses à l'actrice avant la fin de l'émission : "Je voudrais reprononcer un mea culpa vis-à-vis de vous parce que j'ai méconnu votre souffrance. C'est vrai que je n'ai pas compris votre souffrance".