Au soir du 10 mai 1981, tous les Français ne croyaient pas au fameux slogan "changer la vie". Si l'élection de François Mitterrand face à Valéry Giscard d'Estaing avait provoqué de grandes scènes de liesse dans le pays, les Français de gauche fêtant dans les rues l'accession au pouvoir du premier président socialiste de la Ve République, chez les Français de droite, l'heure était plutôt à l'inquiétude, notamment dans les milieux économiques. L'élection avait même créé un quasi mouvement de fuite chez les chefs d'entreprise et chez des notables de la finance.
Ainsi, quelques heures après l'élection de François Mitterrand, des Français fortunés - mais affolés - sortaient des banques avec des valises et des sacs poubelle remplis de billets. Certains partaient en voiture en Suisse mettre leur argent à l'abri, craignant de voir François Mitterrand tout nationaliser et confisquer leurs biens.
La peur des ministres communistes
À la frontière suisse, les douaniers avaient alors saisi des sommes colossales, "près de 9 millions de francs dissimulés dans trois autos", racontait par exemple à l'époque le journaliste d'Europe 1 Henri de Stadelhofen, décrivant les différentes cachettes : "derrière le radiateur, dans le capitonnage des sièges, dans les enjoliveurs de roues".
La Bourse de Paris, elle, était secouée, avec l'emballement du cours du franc suisse. Une partie des Français de droite craignait aussi l'arrivée de ministres communistes au gouvernement, comparés alors à des bolcheviques qui débarqueraient à Paris. Mais le premier gouvernement de François Mitterrand ne comptera finalement aucun ministre communiste.