"Nous n’avons violé la vie privée de personne, nous n’avons révélé que des informations d’intérêt public (…) concernant l’éthique des fonctions républicaines, concernant le fonctionnement de la justice", a expliqué Edwy Plenel mercredi sur Europe 1.
Le fondateur du site d’information Médiapart poursuit : "Nous avons fait notre tri, nous avons sur ces 21 heures écarté tout ce qui concerne la vie privée", notamment les relations de Liliane Bettencourt avec sa fille ou son "protégé", François-Marie Banier.
L’assignation en justice ne l’inquiète pas
"En revanche nous avons mis sur la table (…) des faits que personne ne peut plus ignorer, qui relèvent de l’évasion fiscale, du conflit d’intérêt (...) et cela a été admis".
Edwy Plenel attend donc avec sérénité son passage devant la justice jeudi, après avoir été assigné devant le tribunal de Paris par Liliane Bettencourt pour violation de la vie privée. L’héritière exige le retrait de toute retranscription des enregistrements clandestins réalisés à son domicile.
"La Cour Européenne des Droits de l’Homme, la Cour de Cassation ont toujours donné raison à la presse dans ces cas-là. Elles considèrent que, quel que soit le moyen, il s’agit de faits d’intérêt public", a-t-il poursuivi.
"Je n’ai rien contre Eric Woerth"
Interrogé sur la situation d’Eric Woerth, dont la femme a géré la fortune de Liliane Bettencourt, Edwy Plenel affirme : "Je n’ai rien contre Eric Woerth", ni "sur sa probité personnelle".
"Quand on est trésorier du parti majoritaire, qu’on est le ministre du Budget qui fait la loi commune, la loi fiscale (…) c’est un conflit d’intérêt", a-t-il néanmoins déclaré, précisant : "le ministre concerné, pour ne pas impliquer dans sa défense le gouvernement (…), doit se mettre en réserve du gouvernement, le quitter".
Médiapart espère un juge indépendant
"Depuis le début, nous avons demandé une enquête indépendante, un juge indépendant. Qu’y a-t-il actuellement ? Un procureur de la République qui est cité dans les écoutes, qui a fait uniquement une enquête préliminaire", a regretté Edwy Plenel.
"Dans une démocratie normale, face à des faits comme cela, on nomme un juge indépendant, ce n’est pas le cas pour l’instant une semaine après nos révélations", a-t-il accusé, avant de conclure : "Ces faits sont trop graves en période de crise : 80 millions de fraude fiscale, plus une île qui vaut peut-être un milliard, des financements politiques".