L’INFO. A dix jours des élections européennes, les ténors socialistes tentent le tout pour le tout afin de sauver ce qui peut encore l’être. Ce qui explique que l’on ait pu voir, jeudi soir, Martine Aubry et Manuel Valls, pas franchement proche idéologiquement, s’afficher côte à côte lors d’un meeting, à Lille. Le temps d’une soirée, les deux dirigeants ont décidé de faire cause commune pour servir la majorité.
Des politesses… Et ils ont fait le job. Arrivés ensemble sous les applaudissements des militants, ils ont fait assaut d’amabilités : "je voudrais d’abord saluer notre Premier ministre. Mon cher Manuel, on est heureux que tu sois là !", a lancé Martine Aubry, saluant au passage "le courage" de son invité d’un soir. La réponse de Manuel Valls est sur le même ton, au risque d’en faire un peu trop : "merci à toi, chère Martine, pour ta loyauté pour la réussite de ce gouvernement, merci de ton soutien."
… et des critiques. Sauf qu’à la tribune, la maire de Lille adresse ensuite un message subliminal à son "cher Manuel" en dénonçant l’Europe de l’austérité : "bien sûr il faut réduire les déficits, mais cette rigueur nécessaire ne doit pas devenir l’austérité. L’austérité est incarnée par l’Europe. Cette austérité réduit le pouvoir d’achat, accroît le chômage, casse la croissance", a lancé l'ex-ministre du Travail.
La référence avec la politique menée en France ne fait guère de doute. "Bien sûr qu’elle fait un parallèle avec la politique de Hollande", a confirmé un élu présent dans le public, dans le Parisien de vendredi. Ce qui n’a pas dérangé outre mesure Manuel Valls, qui a assumé sans complexe la politique menée par son gouvernement : "on ne fait pas de l’austérité. La politique que mène ce gouvernement, c’est une politique pour la justice sociale, pour l’emploi, mais pour cela, il nous fait assainir nos comptes publics, tout en gardant nos priorités. C’est ça une politique de gauche, responsable", a déclaré le Premier ministre.
Mais Martine Aubry a de la ressource et s'est offert une petite gourmandise à la fin du meeting, en diffusant dans la salle "Le chiffon rouge", un chant de combat et de lutte. Savait-elle que Manuel Valls ne connaitrait pas les paroles ? Dans la vidéo ci-dessous diffusée par LCP, on voit distinctement le Premier ministre embarrassé, alors que l'ensemble de la salle reprend en chœur la chanson. Puis la maire de Lille se penche vers lui, souriante :"ça c'est bien une chanson de gauche quand même ! Hein ?"
Le FN, ce dénominateur commun. Martine Aubry et Manuel Valls se sont au moins rejoints sur une nécessité : "barrer l'accès" du Parlement européen à l'extrême droite, le 25 mai prochain. "La France ne doit pas donner l'image d'une extrême droite qui arriverait en tête!", a lancé Manuel Valls, assurant que le retour au franc défendu par le FN reviendrait "à se tirer une balle dans le pied": "la dette, l'inflation exploseraient" et les impacts seraient "immédiats" sur les revenus "des couches populaires", a-t-il averti, déclenchant des applaudissements nourris. "Ils n’ont pas le courage de se battre à l’intérieur. Votez pour les listes qui se battent à l’intérieur, pas pour les réactionnaires de droite qui crachent sur l’Europe", a enchaîné Martine Aubry. Le PS a désormais dix jours pour convaincre. Dix jours pour inverser les tendances sondagières, qui placent le FN en tête.
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