"Je voudrais condamner toute forme de violence, de personnes qui n'ont rien à voir avec l'environnement". Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, invitée dimanche du Grand rendez-vous, a réagi aux violences lors des manifestations organisées à la mémoire de Rémi Fraisse, lui même tué dans le cadre de manifestations contre le barrage de Sivens.
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Si elle condamne les violences, la ministre déplore tout de même "une erreur d'appréciation" sur ce projet. Elle l'assure, en vertu de la nouvelle réglementation en vigueur depuis son arrivée, "ce barrage ne serait plus possible" aujourd'hui.
>> Europe1 vous résume ce qu'il fallait retenir de l'interview :
"Une erreur d'appréciation". Concernant ce projet de barrage dans le Tarn, la ministre soutient le Conseil général du Tarn... qui "a bien fait de suspendre le projet du barrage". En revanche, l'ex-présidente de la Région Poitou-Charente se montre très critique sur la gestion du dossier de ce même Conseil général. "Il y a eu manifestement une erreur d'appréciation sur ce projet. Ma responsabilité est de trouver des solutions, c'est l'objectif de la réunion de mardi".
Le barrage de Sivens est censé "désengorger" le Tescou, la rivière locale, qui n'arrivera bientôt plus à remplir son rôle d'irrigateur de la région, selon les défenseurs du projet. Le chantier, en cours sur la commune de Lisle-sur-Tarn, doit accoucher d'un barrage d'1,5 million de m3 d'eau, de 304 mètres de large pour 12 mètres de hauteur et 2 kilomètres de long. Les deux tiers du futur réservoir sont destinés à l’agriculture, le tiers restant à la "salubrité du milieu aquatique". Porté par le Conseil général du Tarn, le coût du projet est évalué à 7,8 millions d'euros.
Mais un rapport d'expertise, commandé par Ségolène Royal, dénonce des "besoins surestimés", une étude d'impact de l'environnement "de qualité moyenne" et un "financement fragile".
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"Dans ma région".... Au delà du projet en lui même, Ségolène Royalse se montre également très critique sur la gestion locale de la crise. Elle, en tout cas, n'aurait pas fait comme ça... "Depuis début septembre, il y a eu 50 gendarmes blessés. Dans ma région, il y a longtemps que j'aurai arrêté la situation. J'aurai dit : 'on se remet autour de la table'. Il est intolérable d'exposer ainsi les forces de l'ordre sur des décisions qui, comme le rapport que j'ai commandé le révèle, ne sont pas encore calées".
"Le barrage ne serait plus possible". De manière générale, la ministre a défendu la nouvelle réglementation de la construction de barrages. "Aujourd'hui un tel projet ne serait plus possible : j'ai changé la politique de l'eau, il n'y aura pas de retenue d'eau sans projet territorial", déclare-t-elle dimanche sur Europe 1. Et de préciser trois conditions à la mise en place de ces projets : "premièrement, à financement publique d'une retenue d'eau, il doit y avoir gestion publique de cette retenue d'eau. Deuxièmement, il y aura aussi une solidarité entre les agriculteurs, entre ceux qui bénéficient d'une irrigation intensive et les petits agriculteurs. Enfin, il n'y a de financement public que s'il y a une engagement de la profession agricole vers les pratiques environnementales".
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Des propos qui "vont dans le bons sens". Des propos salués par José Bové, très mobilisé pour interrompre le chantier du barrage de Sivens, dans le Tarn. Le député européen écologiste s'est félicité de "la prise de position forte" dimanche de Ségolène Royal. "Les propos de la ministre de l'Écologie vont dans le bons sens en disant qu'aujourd'hui ce projet ne pourrait plus avoir lieu", a déclaré José Bové.
"J'espère qu'on va pouvoir entrer dans l'expression des alternatives au projet de Sivens", a ajouté José Bové sur ce point. "Je crois que ce processus doit déboucher sur l'annulation de la déclaration d'utilité publique pour ce projet invraisemblable", a ajouté l'élu, qui est venu à plusieurs reprises ces trois dernières années sur le site de ce projet de barrage-réservoir destiné à sécuriser l'irrigation des cultures.