"Il faut d’urgence un sursaut républicain. C’est impossible que la France continue à s’enfoncer comme elle le fait dans des situations qui sont aussi glauques les unes que les autres, qui sont dangereuses pour l’esprit public, qui entraînent un délitement de ce que l’esprit d’un pays doit être. Invité dimanche du Grand Rendez-vous/ Europe1/Aujourd’hui en France, François Bayrou a estimé qu’il était "naturel et urgent"que le président s’exprime sur le sujet Bettencourt-Woerth, faisant référence à l'intervention de Nicolas Sarkozy prévue lundi soir sur France 2.
L’affaire Bettencourt, cinq questions
Pour le président du MoDem, l’affaire Bettencourt-Woerth possède plusieurs facettes, toutes aussi inquiétantes les unes que les autres, citant ainsi "le conflit d'intérêts entre responsables publics et intérêts privés", "la situation impensable de guerre entre un procureur (Philippe Courroye) et la présidente du tribunal (Isabelle Prévost-Desprez), la "révélation de ce qu'est le bouclier fiscal avec les 30 millions d'euros reversés à Mme (Liliane) Bettencourt (...) illustration de ce que le bouclier fiscal est totalement injuste", "la liberté de la presse" et "tout ce qu'on a appris sur le financement des partis (...) avec des structures à intérêts personnels".
"Nous vivons une crise profonde de la société et des institutions. Une crise à la fois politique et économique" a insisté le président du MoDem. "Nous avons besoin d'un gouvernement qu'on estime et qu'on respecte et qui est à l'abri de tout soupçon", a insisté François Bayrou. A ses yeux, aucune personnalité de l'UMP ne pourrait redorer le blason du gouvernement, lors du prochain remaniement prévu en octobre : "Pour faire un remaniement, il faut avoir de la réserve. Est-ce que Nicolas Sarkozy a de la réserve, c’est une autre question", a ironisé le président du MoDem.
Une justice indépendante
Le président du MoDem juge par ailleurs que des juges d’instruction devraient être nommés dans l’affaire Woerth-Bettencourt étant donné la gravité du dossier et la "proximité" de Philippe Courroye avec le chef de l'Etat. "Or, quand l’enquête est menée sous la responsabilité directe du parquet, un certain nombre de garanties ne sont pas offertes. Par exemple, les témoins peuvent être interrogés en dehors de la présence d’un avocat" a déploré François Bayrou. Et puisqu’il n’y a pas d’avocat, on est en droit de se demander d’où viennent les procès d’auditions sorties dans la presse ?" s’est-il interrogé.
Le financement des partis, loi et pratiques
Sur l’hypothèse d’un financement illégal de la campagne présidentielle du candidat Sarkozy, François Bayrou a espéré que ces hypothèses soient infondées étant donnés "la richesse de l’UMP" et "les lois en vigueur". "Je ne veux pas me laisser entraîner sur des terrains où les preuves seront difficiles à rapporter" a indiqué le centriste.
Avant de conclure : "Il faut interdire les détournements de l’esprit de la loi applicables aux financements des partis. Depuis une loi de 1995, les dons des personnes morales sont interdits. Les dons des personnes physiques sont plafonnés à 7.500 euros par personne, par an et par parti. Tout don en espèces personnel de plus de 150 euros est prohibé.